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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Six Versions - Le Disparu du Wentshire

Publié par Christelle Point sur 13 Juillet 2024, 09:36am

Le jour de Noël de 1988, le petit Alfie (7 ans) a disparu dans des circonstances inexpliquées. Son père et lui traversait la forêt de Wentshire au Pays de Galles, et le temps que le père jette un œil sous la capot à cause d’un bruit de moteur inhabituel, le garçonnet n’était plus là. Les recherches n’ont rien donné, Alfie est déclaré mort 7 ans plus tard. Scott King consacre donc son nouveau podcast à cette histoire étrange, où il est question de forêt hantée, de mère démissionnaire et alcoolique, de père éploré et de mythologie celtique.

Troisième  épisode de « Six Versions » (sur 4 à ce jour), après le très perturbant « La tuerie MacLeod » et toujours les mêmes ingrédients efficaces. On repart donc avec Matt Wesolowski pour 6 entretiens qui tous apporteront une lumière différente sur cette histoire. Au départ, pour l’opinion publique, c’est la disparition d’un petit ange dans une forêt hantée, avec une mère alcoolique et irresponsable et un père courage qui a attiré sur sa personne l’intérêt médiatique et la sympathie du public. Les entretiens vont sérieusement mettre à mal cette histoire pour tabloïds. Jusqu’à la fin, le puzzle qui se dessine sous nos yeux apporte à la fois plus de noirceur et plus de malaise que l’on ne l’imaginait. Comme dans les tomes précédents, le surnaturel n’est pas loin, sans être au cœur de l’histoire, il la colore en permanence par petites touches. Là on baigne un peu dans une ambiance « Blair Witch » version celtique, le tout mâtiné de « Damien –La Malédiction ». Le deuxième entretien, celui des ouvriers du chantier jouxtant le lieu du drame, est même en plein dans cette veine. Mais au travers de ce prisme surnaturel, c’est surtout le portrait d’un homme qui se dessine, celui du père d’Alfie, Sorrel Marsden. Voilà le portrait par le menu d’une personnalité complexe, tendance toxique (notamment avec les femmes). Pour le coup, au-delà des sorcières et des farfadets, c’est plutôt Sorrel qui est la principale source d’angoisse du roman ! Comme d’habitude, les interviews sont en police normale quand les apartés des Scott King sont en italique. Chaque interviews est entrecoupée d’enregistrements de King, encore perturbé du podcast précédent et du harcèlement dont il a fait l’objet, et de sa relation étrange avec la médium qui avait tenté de retrouvé Alfie en 1988. C’est comme si cette femme exerçait sur lui une sorte de pouvoir qu’il n’avait pas vu venir. Je ne sais pas si ces apartés étaient utiles, mais comme ils sont courts ils ne parasitent pas le roman. La recette de Matt Wesolowski est parfaitement rodée à présent, chaque podcast est plus pointu que le précédent, plus nébuleux, plus difficile à lâcher. Comme les romans sont assez courts, il faut parfois se faire violence pour ne pas le lire en deux coups de cuillères à pot. Le dénouement est très inattendu et pour une fois, Scott King résous réellement l’affaire. Je me suis laissé surprendre par ce dénouement surprenant et émouvant. On croyait nager allègrement dans le surnaturel, le roman nous prend carrément à contrepied pour mieux nous offrir le portrait glaçant d’un Mal bien plus humain et plus destructeur que celui des lutins des forêts celtiques.

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