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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Juliette au Printemps

Publié par Christelle Point sur 16 Juin 2024, 14:55pm

Dépressive et mal dans sa peau, Juliette revient quelques jours dans sa famille en province. Elle y retrouve ses parents divorcés, sa grande sœur tiraillée entre sa famille et son amant et sa grand-mère placée en maison de retraite et qui perd la tête. Cette visite permettra-elle à la jeune femme de retrouver un équilibre ? Et si raisons de son mal-être était à chercher dans un passé familial plein de silence et de non-dits ?

Sur le papier, le film de Blandine Lenoir ressemble à beaucoup d’autres films français de même genre : une famille (tout le monde en a une ou presque), une famille dysfonctionnelle (itou), des rancœurs entre ex-époux qui se chamaillent (pas très original), des petites jalousies de fratrie (banal), rien de très nouveau. On place le tout dans une toute petite ville de province pour faire « France périphérique » et le tour est joué. Réalisé de façon honnête mais très académique (si on excepte une charmante petite scène en animation au milieu), pas trop long, agréable à suivre, « Juliette au Printemps » tient la route et réussit à nous charmer par son humour et l’implication de ses comédiens. C’est réellement du côté de casting qu’il faut chercher le véritable atout de cette comédie dramatique. Que ce soit Izia Higelin, Sophie Guillemin, Jean-Pierre Darroussin ou encore Noémie Lvovsky, tous ont des rôles assez écrits pour pouvoir donner pleine mesure à leur talent. Izia Higelin a peut-être la partition la plus simple à incarner, en jeune femme déboussolée et dépressive. Jean-Pierre Darroussin, lui, est un père divorcé qui manie l’humour comme une carapace pour contrer la solitude et un chagrin très ancien qui se trouve être la clef du scénario. Darroussin est impeccable, comme il l’est toujours. Noémie Lvovsky est son opposée, elle est aussi volubile qu’il est taiseux, aussi excentrique qu’il est mesuré. Il s’avère qu’ils dissimulent une souffrance identique sous deux masques très différents. Et puis la grande sœur, sous les traits de Sophie Guillemin, est sans doute le personnage le plus intéressant du film tant elle doit jouer sur toute la palette : mère de famille surbookée, elle a les deux pieds dans le quotidien et pourtant, elle rêve  de s’accomplir, de surtout faire des choses pour elle-même, pas en tant qu’épouse ou de mère. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a pris un amant. Sophie Guillemin est la clef de voute du scénario de « Juliette au Printemps », à défaut d’en être le personnage principal. Si on s’arrête à la bande annonce, on pense qu’on a à faire à une comédie. Et d’ailleurs, quelques gags récurrents (le chat) et quelques scènes cocasses jouent franchement le jeu de la comédie. Mais c’est trompeur, « Juliette au Printemps » est en réalité une comédie dramatique plus tragique que comique. Si Juliette ne va pas bien (elle sort d’un épisode dépressif qui n’est clairement pas terminé), c’est que quelque chose se bloque en elle, l’empêche d’avancer, d’être heureuse, d’être épanouie. Ce quelque chose, elle vient inconsciemment le chercher en famille, car elle sent peut-être que c’est là que se trouve la clef. Ce n’est pas le divorce de ses parents qui est l’élément déclencheur, c’est un autre évènement antérieur que sa mémoire à soigneusement effacé. C’est à partir du moment où elle apprend ce « secret » (qui est plus un non-dit qu’un secret d’ailleurs) et qu’elle le digère, qu’elle commence à aller mieux. Le scénario pose le principe que quelque chose qu’on ne sait pas, ou qu’on a oublié dans l’histoire familiale peut influencer sa propre vie. C’est un postulat très crédible. Dans toutes les familles des choses comme cela se dissimulent : des choses dont on ne parle jamais mais qui conditionnent clandestinement toute une famille, toute une fratrie. Le film insiste aussi sur la difficulté d’être une ou un ainé dans une fratrie. Juliette est la cadette, elle est partie de la région. Son ainée est restée, elle a fondé une famille, elle s’occupe des parents, des grands parents, elle encaisse les chocs que l’on épargne à la cadette. Sophie Guillemin, sans en faire des tonnes, donne assez bien corps à cette ainée fatiguée d’être celle « sur qui on compte ». Cela aussi, cela peut parler à beaucoup de gens. Le film est sympathique, la forme est légère, drôle et tendre mais le fond est  grave. Cela donne au final une comédie dramatique équilibrée, qui ne souffre que de quelques petites scories, comme une ébauche d’histoire d’amour (entre Juliette et Pollux) qui se termine en queue de poisson et qui n’était peut-être pas indispensable.

La bande annonce de "Juliette au Printemps"

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