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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Critique cinéma : Barbie

Publié par Christelle Point sur 30 Juillet 2023, 15:23pm

A Barbie Land, la vie est parfaite : les Barbies occupent toutes les places de cette petite société et tout roule à merveille, les jours s’écoulent dans un bonheur immuable, sous les yeux des Ken, qui sont là juste pour être des Ken. Mais dans la vie d’une Barbie très stéréotypée, les pensées contradictoires se bousculent subitement : les talons se posent au sol, les pensées morbides surgissent et la cellulite s’installe sur les cuisses. Le verdict tombe : Barbie doit aller dans le vrai monde comprendre pourquoi (et par qui) ce changement s’opère. Ken la suit, évidemment. Débarqués à Los Angeles, Barbie découvre le machisme et l’image très ambigüe de la poupée de Mattel. Ken lui, découvre un truc qui lui plait immédiatement : le Patriarcat.

Dés les premières images du film de Greta Gerwig, qui parodie le film de Kubrick « 2001, Odyssée de l’Espace », on se dit qu’on a débarqué dans un film étrange… Et point de vue étrangeté, on n’est pas au bout de nos surprises. Greta Gerwig nous propose un film esthétiquement improbable : les scènes dans Barbie Land (partie 1 et partie 3) sont un déferlement de couleur vives (et notamment du rose, du rose, du rose jusqu’à l’over…rose !), de détails minuscules disséminés ici ou là (même en étant attentive j’ai du en louper pas mal) dans les costumes, les accessoires, les décors. Tous ici pensé comme pour le vrai monde Barbie avec lequel on a joué : les verres sont vides, les douches sans eau, les vagues en plastique, les aliments en carton, les tenues totalement improbables, les moyens de locomotions  hors de proportion, tout est parfaitement raccord avec le monde de cette poupée avec lequel nous avons toutes joué. La partie 2 du film, dans le monde réel, se focalise sur le décalage entre les deux personnages et le Los Angeles de 2023. Le film est plutôt bien tenu, assez peu de longueurs et de moments inutilement bavard, à part peut -être à la fin. L’humour est omniprésent et franchement, il y a des moments très drôles, très décalés, plein d’autodérision ou de petites références pour les adultes que nous sommes. Et puis, le film à d’autres références que Kubrick et moi j’ai beaucoup pensé à « Retour vers le Futur 2 », « Toy Story » ou aux clips un peu virilistes de Mickael Jackson par exemple. Seul bémol à mes yeux sur la forme : les chansons. Même si les paroles sont drôles, il y en a un peu trop à mon gout, surtout que je ne pense pas qu’elles rentreront au Panthéon des chansons de film ! Margot Robbie est une Barbie magnifique, pas juste physiquement mais aussi dans l’esprit : cette naïveté désarmante, charmante mais un peu consternante aussi, elle l’incarne à merveille. La vraie révélation pour moi, c’est Ryan Gosling. Je n’ai jamais été grande fan de cet acteur, mais je me demande si Ken ne serait pas son meilleur rôle à ce jour. C’est un peu dur pour le pauvre Ryan Gosling mais le vrai travail d’autodérision dans lequel il est engagé ici fonctionne parfaitement. Dans le second degré total est assumé, il campe un Ken frustré et émasculé qui découvre avec ravissement le patriarcat et entreprends de l’importer dans Barbie Land. Le patriarcat de Ken est un patriarcat de bazar sans subtilité, un machisme de base bien bourrin. Ce qui prouve que ce pauvre  Ken est incapable de nuance, surtout quand il s’agit de notions complexes. Le scénario de « Barbie » nous fait explorer, à sa manière bien particulière, des notions de genre, de patriarcat et de matriarcat et bien sur, de féminisme. En même temps, difficile d’imaginer autre chose sous la caméra de Greta Gerwig. On pourra arguer que tout cela est présenté de façon assez peu subtile, en ne reculant pas devant une caricature, une exagération ou une porte ouverte. Mais quand même, il y a des choses à retenir sur le fond : le conseil d’administration de Mattel est totalement masculin, le message soi-disant féministe de Barbie est un slogan pour publicité : les affaires, l’argent, bref, le pouvoir est une affaire d’Homme. La poupée peut faire croire aux petites filles qu’elles peuvent être ce qu’elles veulent, mais c’est de féminisme de façade, du marketing. Et le film le démontre très bien, Barbie et son image sont empêtrés dans ces notions et ce faux semblant : on ne peut pas être tout et son contraire à la fois. Le film, financé par Mattel, est malgré tout une vitrine incroyable pour la marque, qui s’auto-parodie gentiment tout en plaçant les poupées, les accessoires, les séries limitées et vintages. Mais tout cela est fait au grand jour, c’est assumé et personne dans la salle de cinéma ne peut être dupe. Au final, le film est très sympathique et réussi, ce n’est pas un chef d’œuvre mais c’est un film qui a le mérite d’être original et différent des grosses productions habituelles. Le fond est léger et facile à comprendre  mais il repose sur une réalité bien tangible : la condition des femmes ici et ailleurs, avant et maintenant. Si j’en crois le nombre de femmes dans la salle de cinéma, de toutes les origines, de toutes les cultures, de tous les âges, de toutes les morphologies, je me dis que ce film nous parle à toutes, qu’on l’assume ou pas !

La bande annonce de "Barbie"

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