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Un point c'est (pas) tout

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"Starmania" à la Seine Musicale, le 12 novembre 2022

Publié par Christelle Point sur 14 Novembre 2022, 12:29pm

Starmania est de retour, avec un tout nouveau casting de chanteurs quasi inconnus en grande partie issue des émissions de « The Voice » québécoises et françaises, et avec une toute nouvelle mise en scène de Thomas Jolly, dont on entendra parler bientôt car il sera le grand maître d’œuvre des cérémonies d’ouvertures Olympique et paralympiques de Paris 2024. Avant une grande tournée en France, le célèbre Opéra Rock de Luc Plamondon et Michel Berger a élu domicile à la Seine Musicale, à Boulogne Billancourt.

Je connais bien Starmania, mais je n’avais pas eu l’occasion encore de le voir sur scène. Je connais le livret, l’histoire, les chansons bien connues et aussi les autres, pour avoir maintes fois écouté « in extenso » le CD de la version de 1989. J’étais donc parfaitement en terrain connu. Le spectacle dure plus de deux heures (entracte de 20mn comprises) et respecte à la lettre l’esprit initial de l’Opéra Rock. Comme il a été écrit en 1978, et qu’il décrivait un monde de l’an 2000 pré-apocalyptique, il a bien entendu fallu changer deux trois paroles ici ou là, pour des questions temporelles mais c’est franchement anecdotiques. Le livret est donc parfaitement respecté, on y suit l’ascension vers la pouvoir d’un milliardaire égocentrique et adepte de l’autorité et surfant sur un populisme crasse. On voit la ville occidentale de Monopolis en proie à la violence des bandes, composés de tous les laissés pour compte du progrès et de l’argent roi. On  observe des petites gens, une serveuse et un danseur, se démener sans grand espoir entre la violence des uns et la violence des autres. On y évoque aussi le pseudo pouvoir des gourous, les affres d’un « star système » dévoyé, la nocivité d’une forme de TV réalité, etc… Tout cela a été écrit en 1978 sous la forme d’une dystopie, et aujourd’hui en 2022, c’est (presque) notre réalité. S’il ne fallait qu’une seule raison pour remonter Starmania aujourd’hui, ce serait celle-ci : la rencontre fracassante entre la dystopie de 1978 et la réalité de 2022. Ce spectacle est d’une noirceur totale, et on est loin, très loin des paillettes du monde de la comédie musicale.

S le fond a été parfaitement respecté, la forme a encore une fois changé et c’est bien naturel. La première chose que je veux dire, c’est que le casting est tout à fait remarquable. Ces chanteurs et chanteuses me sont inconnus, mais je veux souligner la force de leur interprétation. Même si on peut considérer que le spectacle est encore un peu en rodage, j’adresse une mention spéciale aux interprètes de Zéro Janvier et de Marie-Jeanne, respectivement David Latulippe et Alex Montembault, dont les interprétations du « Blues du Business Man » et des « Les uns contre les Autres » sont des moments d’émotion puissantes. La mise en scène joue énormément avec les lumières, plus qu’avec des décors qui sont essentiellement des plateaux roulants et des blocs  modulables, c’est efficace  mais pas révolutionnaire. Le spectacle use (et abuse un peu) des effets stroboscopiques pour palier probablement cette relative modestie des décors. Les numéros de danse ne sont pas très fréquents (c’est un Opéra Rock, et non une comédie musicale) mais assez réussis. Il y a quelques idées sympathique de mise en scène (dédoublement de Ziggy, remplacement de Roger Roger par une voix d’hologramme, scène d’enlèvement de Cristal avec voyage dans les coulisses, apocalypse final), d’autres plus discutables (petits confettis) mais dans l’ensemble, moi j’y ai trouvé mon compte. La seule chose que j’ai trouvé franchement décevante, ce sont les costumes. Si je n’appréciais pas du tout les extravagances des versions précédentes (Cf la version sous acide des années 90 signé Lewis Furey, j’en frémis encore !), ici on est un peu déçus devant l’excès inverse, le manque d’imagination : tenue androgyne beige et marron sans aucun intérêt pour Marie-Jeanne, bleu de travail pour Johnny Rockfort, robe pailletée ultra courte pour Cristal, costume cintré sans aspérité pour Zéro Janvier, quelle banalité, quelle manque d’ambition ! C’est vraiment à mes yeux LA déception de cette nouvelle version, par ailleurs tout à fait recommandable.

Starmania est de retour sur scène, en dépit de quelques faiblesses de forme, l’Opéra Rock de Michel Berger et Luc Plamondon n’a pas pris une ride en 40 ans. Au contraire, il résonne aujourd’hui de façon assourdissante… et terrifiante. Il n’y a aucune raison de se priver de ces deux heures de chansons simples et touchantes, de la lumière noire et de la violence stylisée de Monopolis.

Une petite bande annonce

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