La mort d’une petite fille âgée seulement de quelques jours aurait pu passer inaperçue, et imputée à la mort subite du nourrisson si seulement une marque étrange n’était pas apparue sur son visage, et si son père, au lieu de paraitre affligé, apparaissait étrangement soulagé. Cette mort, qui devient rapidement très suspecte, est le point de départ de l’enquête d’Amaia Salazar. A peine est-elle remise de ses frayeurs de son enquête précédente (« De chair et d’Os ») qu’elle doit de nouveau affronter une série de décès très suspectes, une épidémie anormale de mort subite du nourrisson semble toucher toute la vallée du Baztan, uniquement des filles.
« Une Offrande à la Tempête » est le dernier tome d’une trilogie qui n’aura cessé de se bonifier au fil des romans. L’action commence très peu de temps après la fin du roman précédent et clairement, la cicatrisation n’a pas eu le temps de se faire, dans tous les sens du terme. Amaia enchaine une troisième enquête qui, là encore, ne fait que des victimes féminines. Après les jeunes filles assassinées dans « Le Gardien Invisible », les féminicides dans « De Chair et d’Os », voilà les toutes petites filles qui meurent dans leur sommeil. Cette enquête là, qui brasse pour le coup encore plus de personnages qu’avant, est d’une efficacité assez redoutable. L’enquête est terriblement touffue, elle fait écho aux deux enquêtes précédentes, elle met les nerfs d’Amaia à rude épreuve et pourtant, quel plaisir de dévorer les chapitres uns par uns. Ce troisième tome n’est pas avare en rebondissements et en coups de théâtre, dont celui central, imprévisible et dévastateur, nous donne littéralement les larmes aux yeux. Le dénouement, qu’on peut éventuellement deviner à quelques chapitres de la fin, est parfaitement amené, avec juste c e qu’il faut de surprise mais aussi d’émotion. Et dire que, dans sa post face, elle assurer s’être inspirée d’un fait réel, c’est un peu le coup de massue ! S’il y avait une touche de surnaturel dans les deux romans précédents, ici elle est quasi absente. En revanche, la mythologie basque et navarraise (avec cette fois-ci l’Inguma), avec ce qu’elle implique de superstitions et d’êtres fantastiques est toujours très prégnante. Là où je suis assez emballée par la démarche de Dolores Redondo, c’est que ce troisième tome ne se contente de pas de prendre la suite des deux premiers, il revient sur les enquêtes, celle du Basajaun et celle du Tartalo, rebat leur carte (alors qu’on les croyait naïvement closes !) pour leur donner un éclairage différent. C’est une vraie trilogie que l’on doit impérativement lire intégralement et dans l’ordre, sous peine de passer complètement à côté de sa colonne vertébrale. En tous cas, l’ensemble des trois romans laisse une sensation très forte, et aussi l’impression d’une écriture et d’un sens du récit parfaitement maîtrisé par une auteure qui ne s’est pas contenté d’imaginer un roman après l’autre mais à construit une trilogie d’emblée cohérente et élaborée. Je précise pour terminer que si on a accès à Netflix, cette trilogie du Baztan a été adaptée à l’écran par le cinéma espagnol. C’est cette adaptation que je suis arrivée jusqu’à Dolores Redondo et je ne le regrette pas. Même en ayant vu les films et en sachant d’emblée qui a tué qui, je me suis quand même laissée embarquée dans les romans, comme quoi ils sont sacrément efficaces !