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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Le Temps des Secrets

Publié par Christelle Point sur 27 Mars 2022, 14:40pm

1905, sur le point d’entrer en sixième en tant que boursier, Marcel passe ses vacances comme tous les étés dans les collines, avec toute sa famille. Il se languit de retrouver Lili même si ce dernier a fort à faire avec les travaux de la ferme. Mais cet été là marque la fin de l’innocence de l’enfance et le début d’une autre étape, celle des secrets. Les secrets de Marcel, qui passe de plus en plus de temps auprès de la belle et fortunée (et pinbêche) Isabelle et délaisse son ami Lili, font écho aux secrets de ses parents, d’une trop jolie boulangère, d’une maladie qui progresse, d’un engament politique qui se voudrait plus ou moins clandestin.

Presque 30 ans après « Le Château de ma mère », Christophe Barratier met en scène le troisième tome de l’autobiographie de Marcel Pagnol, celle qui marque le début de l’adolescence. Si comme moi vous prenez toujours autant de plaisir à regarder les deux adaptations d’Yves Robert à chaque fois qu’elles sont programmées à la TV (et ça arrive souvent !), difficile de résister à l’envie de retrouver les collines, Lili des Bellons et le petit Marcel. Mais si on sait d’emblée qu’on aura du mal avec le changement de casting, on fait l’effort de laisser à sa chance au film de Christophe Barratier. Barratier semble définitivement abonné aux films d’époque et aux films sur l’enfance en culotes courtes. Si on regarde l’ensemble de sa filmographie, on constate qu’il a une prédilection pour une certaine idée de la France éternelle, celle des blouses grises. Je ne veux pas croire qu’il y ait chez ce réalisateur la nostalgie d’une France fantasmée qu’il n’a jamais connu mais son cinéma parle quand même un peu pour lui. Sa réalisation n’est pas déplaisante, son film est bien calibré, il ne manque pas d’humour, il y a une jolie photographie et un vrai souci de reconstitution. Les décors en particuliers sont très soignés (Marseille vue du funiculaire) et il filme les collines comme elles doivent l’être, c’est à dire écrasées de soleil. Il y a quand même deux trois choses énervantes dans « Le Temps des secrets », c’est d’abord le nombre incalculable de plans aériens style « office du tourisme ». C’est pratique et c’est joli pour faire des transitions mais là, Barratier nous en colle un par minute ou presque, à croire qu’il devait en caser le plus possible pour avoir les subventions de la région ! Et puis la musique est carrément envahissante. La bande originale de Philippe Rondi n’est pas désagréable (bien que la comparaison inévitable avec Vladimir Cosma lui soit préjudiciable), mais elle est de toutes les scènes. Au bout d’un moment, couper la musique nous aurait fait du bien, on aurait pu entendre un peu les cigales ! Trop de musique passe-partout, trop de plans aériens passe partout, c’est le symptôme d’une réalisation très scolaire et sans magie, qui dessert un peu ce troisième volet. Coté casting, il faut évidemment faire l’effort d’ « oublier » les interprètes précédents pour donner leur chance à Guillaume de Tonquedec, Mélanie Doutey, François -Xavier Demaison ou encore Anne Charrier. Tous font parfaitement le job même si j’avoue avoir eu un peu plus de mal avec Mélanie Doutey que je trouve mal à l’aise dans le rôle d’Augustine. Je me demande s’il n’aurait pas été judicieux d’échanger les deux rôles féminins, Anne Charrier me semblant correspondre mieux à une Augustine Pagnol fragile comme de la porcelaine et en proie à la maladie. Côté enfant, même si on ne peut rien reprocher à Léo Campion et à sa petite bouille et à ses yeux écarquillés, c’est plutôt Baptiste Négrel qui emporte le morceau dans le rôle de Lili, plus naturel, plus à l’aise. Je ne peux pas dire si l’adaptation de Barratier est fidèle à Pagnol, il faudrait que je relise l’œuvre originale. Mais dans cet opus là, clairement, la magie de l’enfance s’efface devant des problématiques plus adultes : Marcel délaisse son ami pour une fille en apparence fortunée et bien élevée, très jolie mais qui cache bien des secrets. Comme de bien entendu il se laisse impressionner par le luxe, la beauté, la culture de cette gamine qui le fait tourner en bourrique. Il touche du bout du doigt une certaine idée de la lutte des classes, une idée qui lui fera dire des bêtises à son père et à Lili, mais qui deviendra encore plus concrète quand il sera boursier au lycée. Les parents de Marcel ont aussi leurs secrets : Joseph trébuche de son piédestal lorsqu’il se met à faire du gringue à la boulangère, Augustine cache sa maladie et ses engagements politiques de suffragette. Je résume : lutte des classes, féminisme, harcèlement scolaire, pas de doute « Le Temps des Secrets » se veut un film moderne. Est-ce réussi ? Oui et non, le film se suit sans déplaisir mais ne laissera pas dans le cœur du spectateur la même trace indélébile que les deux films d’Yves Robert, la faute sans doute à une réalisation trop formatée, un scénario qui ronronne au bout d’un moment (à force de vouloir embrasser tous ses thèmes, il se disperse un petit peu) mais aussi au temps qui passe… Même sans être à notre tour bêtement nostalgique, il est difficile, pour ne pas dire impossible, de se couler dans le moule de deux films aussi attachants que son « La Gloire de mon père » et « Le Château de ma Mère » sans souffrir de la comparaison.

La bande annonce de "Le Temps des Secrets"

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