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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Crénom, Baudelaire !

Publié par Christelle Point sur 17 Février 2022, 15:48pm

De son enfance de petit garçon amoureux de sa mère à sa mort à 46 ans dans un état de décrépitude physique et mental total, la vie de Baudelaire n’aura été qu’excès et turpitudes. Boursouflé d’orgueil, il n’aura eu dans sa vie qu’une seule et unique ambition : révolutionner la poésie française, rien que çà… Son recueil « Les Fleurs du mal », aujourd’hui connu du monde entier, ne lui aura quasiment rien rapporté de son vivant, si ce n‘est un retentissant procès pour « outrage aux bonnes mœurs ».

Après avoir passé à la moulinette Paul Verlaine « (« O Verlaine »), François Villon (« Je, François Villon ») et Arthur Rimbaud (« Rainbow pour Rimbaud »), Jean Teulé s’attaque, presque au sens littéral du terme, à Charles Baudelaire. Sous la plume trempée d’acide et d’humour noir de l’auteur se dessine le portrait d’un homme détestable du premier jour de sa vie (ou presque) à son dernier souffle à 46 ans. L’auteur des « Fleurs du Mal », enseigné avec vénération dans tous les lycées de France, y est décrit comme un jouisseur (il a été mis sous tutelle toute sa vie pour l’empêcher, en vain, de dilapider son héritage ), syphilitique et drogué jusqu’à l’os (l’un ayant entraîné l’autre), cruel, hautain et méprisant avec sa mère, ses compagnes, ses amis , tyrannique avec son éditeur, imbus de lui-même, dispendieux, odieux, menteur quasi pathologique et pédant au possible. En résumé, c’est le portrait d’un type parfaitement imbuvable, mort dans la déchéance la plus complète et rendu sénile à 46 ans par la syphilis. A la fin de sa vie, hémiplégique, il ne prononçait plus qu’un seul mot « Crénom ! », pour un poète les plus lus au monde, c’est ballot ! J’avoue qu’indépendamment du personnage qu’il est difficile de trouver sympathique, « Crénom, Baudelaire ! » n’est pas le roman le plus accessible et facile à lire de Jean Teulé. Même émaillé de poèmes, de quelques illustrations, de quelques fac-similés, il est parfois difficile à appréhender, limite ennuyeux par moment. Paradoxalement, j’avais été plus emballée par « Je, François Villon » qui dépeignait également un homme peu fréquentable mais l’époque était différente, plus violente et plus enthousiasmante. Il y a des passages très réussis comme son voyage sur le bateau bien mal nommé « Princesses des Mers du Sud » ou tous les échanges entre lui, pinailleur et insupportable et les très excédés et portant très patients typographes. Mais il y a aussi des passages moins passionnants, dans les salons parisiens entouré de Delacroix, Flaubert ou Courbet, un peu trop verbeux à mon goût. Le style de Teulé, cru et trempé d’acide, est toujours aussi savoureux et c’est cela qui sauve le roman sur certains chapitres. Pour le résumer je dirais que si on veut entrer dans le monde de Jean Teulé, mieux vaut commencer par un autre roman plus accessible. En revanche, si on a sué sang et eaux sur Baudelaire au lycée, lire « Crénom, Baudelaire ! » peut faire office de petite vengeance !

 

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