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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : De Chair et d'Os

Publié par Christelle Point sur 11 Janvier 2022, 16:30pm

Ce n’est pas cette enquête sur des profanations dans une église qu’on lui confie à son retour de congé maternité qui excite la curiosité d’Amaia Salazar. Non, ce qui sème le trouble dans son esprit (hormis la difficulté qu’elle éprouve à se séparer de son nourrisson), c’est l’étrange point commun qu’elle relève entre plusieurs meurtres de femmes. Depuis quelque temps, des femmes sont tuées par leur conjoint violent dans toute la région du Batzan (jusque-là, malheureusement, rien de nouveau) mais leur cadavre est mutilé post mortem : un bras coupé net qui disparaît. Les maris, qui ne se connaissent pas entre eux et sont de tous les milieux sociaux, se donnent tous la mort à la suite de leur crime et tous laissent comme dernier message : « TARTTALO ». Amaia ne le sait pas encore, mais cette enquête va la toucher encore de plus près que celle du Basajaun, et ce n’est pas peu dire…

« De Chair et d’Os », deuxième tome de la Trilogie du Baztan, prends directement la suite du « Gardien Invisible ». Même si, j’imagine, on doit pouvoir lire ce roman sans avoir lu son prédécesseur, j’ai du mal à imaginer qu’on le fasse sans bien réussir à appréhender tous les aspects du roman (concernant notamment l’enfance d’Amaia, et l’histoire complexe de sa famille). C’est un peu le problème d’une trilogie comme celle du Baztan, les romans sont tellement liés intimement qu’ils constituent un bloc qu’il est délicat de couper en morceaux. « De Chair et d’Os » commence doucement et dans une certaine confusion : 3 intrigues sont menées parallèlement : celle des profanations, celle des bras coupés et une troisième va intervenir, trait d’union entre les deux, mettant en scène directement la famille Salazar. Tel un entonnoir, tout finit par se rejoindre pour donner corps à une histoire cohérente, de plus en plus passionnante au fil des chapitres, et assez crédible pourvu qu’on soit un petit peu indulgent. En effet, les mythologies navarraises et basques, les créatures mythiques, les apparitions, l’ésotérisme et la divination, tout cela est plus qu’une simple toile de fond au roman. Il faut accepter une certaine part de magie et d’irrationnel dans les polars de Dolores Redondo, si on est allergique à cela mieux vaut éviter de persévérer : j’ai l’impression que c’est encore plus présent que dans « Le Gardien Invisible ». Ici, il est question de violences machistes (un véritable fléau en Espagne) et Amaia, de par sa position de chef d’une équipe entièrement masculine, est bien placée pour savoir que le machisme imprègne profondément la société espagnole. Du côté de sa famille aussi, il aurait mieux valu qu’elle soit un homme. Il est ici davantage encore question de sa mère, détraquée et dangereuse. Si elle était évoquée dans le roman précédent, à présent elle est un personnage en tant que tel et que ce soit en flash back ou au présent, abominable et terrifiante. Le roman se termine sur une interrogation qui peut tout laisser supposer, après des chapitres de fin forts en suspens et en émotion. Même si les ait découverts par l’intermédiaire de l’adaptation Netflix (et donc que les rebondissements ne me surprennent pas autant qu’ils le devraient), j’aime beaucoup me laisser embarquer dans l’univers sauvage de la vallée du Baztan où la modernité vient se heurter au mur des croyances millénaires, où la nature sauvage ne vous fait aucun cadeau, où il ne fait pas bon, décidément, naître fille.

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