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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Le Nom de la Rose

Publié par Christelle Point sur 4 Juin 2021, 15:28pm

En 1327, l'Europe chrétienne est secouée de spasmes violents : Saint Empire Romain Germanique contre Rome, Rome contre Avignon, Franciscains contre Dominicains, elle est parcourue par des groupes minoritaires combattus par l'Inquisition, partout on trahit, on brule, on piège, on dénonce, on se radicalise. C'est dans ce contexte troublé que le jeune novice dominicain Adso accompagne son maitre, le franciscain et érudit Guillaume de Baskerville, dans un immense monastère du Nord de l'Italie ou doit avoir lieu une controverse (presque autant politique que religieuse) sur la pauvreté du Christ. A peine arrivés, l'Abbé sollicite Guillaume, qu'il sait fin observateur, pour faire la lumière sur le suicide récent et étrange d'un moine. Mais l'enquête a à peine débuté qu'une autre mort étrange advient, puis une troisième. Est-ce Diable qui sévit dans le Monastère, ou bien une malignité tout ce qu'il y a de plus humaine ?

J'ai mis un certain temps avant de me lancer avec appréhension dans le roman d'Umberto Eco, moi qui n'ai jamais pu dépasser la page 20 du "Pendule de Foucault" ! Même si je connais l'adaptation cinéma (qui ne la connait pas ?!), ce livre monumental à de quoi effrayer. Rédigé sous la forme d'un témoignage médiéval, dont le narrateur est Adso au terme de son existence, "Le Nom de la rose" n'est ni un roman historique, ni un polar, ni un essai d'histoire médiévale, ni une réflexion sur la vie religieuse du Moyen Age, c'est tout cela à la fois ! D'une érudition folle, le roman réussit l'exploit de rester accessible, à condition que l'on prenne bien le temps de le lire, en se concentrant, au calme. Le style est très touffu, les digressions nombreuses et fort longues et parfois elles nécessitent, quoi qu'on en dise, un gout pour l'Histoire médiévale et des connaissances préalables. Les nombreux passages en latin, les termes employés, les évènements historiques évoqués, les longues controverses religieuses, les questions abondamment débattues de dogme, de foi, de rites, tout cela ne parlera pas à tout le monde, il faut le reconnaitre. J'ai du m'accrocher sévèrement par moments, tant certains passages sont complexes, le tout dans un style médiéval sans concessions. Mais c'est précisément cette exigence qui rend l'expérience inoubliable. L'intrigue elle aussi est sacrément complexe, et là encore il faut une attention soutenue pour ne pas se retrouvée perdue devant le labyrinthe sur lequel elle repose. Le monastère où se déroule l'intrigue pendant 7 jours, et surtout son incroyable bibliothèque, dotée d'incunables inestimables, est au centre de cette intrigue "policière". Ce sont les livres qui sont au cœur de tout, livres interdits, inaccessibles, dangereux comme peuvent l'être les livres aux yeux des ignorants persuadés de ne pas l'être. C'est un livre, surtout, qui cause tant de tourments et sème la mort. Quel manuscrit ? Que contient-il ? Que prêche-t-il ? Ce n'est qu'au dernier chapitre que la lumière se fait, avant un désastre final qui fend le cœur d'un amoureux des livres et de l'écrit. Même en connaissant d'avance le fin mot de l'histoire "à cause" de Jean-Jacques Annaud et de Sean Connery, la magie du roman opère. Une fois cette œuvre monumentale achevée, on reste longtemps et durablement impressionné par ce roman : quelle audace, quelle érudition, quel style foisonnant, quelle exigence ! On ne lit pas des romans de ce calibre tous les jours, c'est certain !

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