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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Si ça saigne

Publié par Christelle Point sur 25 Mai 2021, 15:02pm

Avec « Si ça saigne », Stephen King revient à un format qu’il maitrise parfaitement et dans lequel il excelle régulièrement : la nouvelle. Parfois, chez King ce sont une multitude de petites nouvelles percutantes et parfois, ce sont de grosses nouvelles, un peu trop juste pour faire un roman. Des grosses nouvelles de King sont parfois sorties des pépites pour le cinéma. « Si ça saigne » regroupe 4 nouvelles, 3 moyennes et une grosse qui donne son titre au livre. Et comme elles n’ont rien à voir entre elles, traitons-les séparément.

« Le Téléphone de Monsieur Harrigan » est très emblématique de ce qu’on aime chez King, un roman virant lentement vers le fantastique vu à travers de yeux d’enfant. Le jeune Craig accepte, pour se faire un peu d’argent, de travailler au service d’un vieux monsieur, Monsieur Harrigan. Très attaché à lui et désirant lui ouvrir des horizons, il lui offre un des premiers smartphone et lui apprend à s’en servir. D’abord réticent, le vieil homme finit par y trouver un grand intérêt. Le jour où il meurt, Craig, très ému, glisse le portable (allumé) discrètement dans la poche du mort. Quand il commence à recevoir des sms et qu’il comprend qu’inexplicablement, le portable ne se décharge pas, Craig se dit que quelque chose cloche. Voilà, je m’arrête là dans le résumé de cette nouvelle courte qui parle d’amitié, de vengeance et de destinée. C’est une nouvelle réussie, qui ne traine pas en longueur (même on se demande pendant un moment om il veut en venir) et qui se termine sur un  note de tendresse. Si je n’avais pas su que c’était du Stephen King, je l’aurais deviné par le style, les thèmes abordés, l’angle de vue, tout cela est très calibré et efficace, rien à redire.

« La vie de Chuck », en revanche, est franchement déroutante et je ne suis pas certaine de l’avoir bien comprise. Découpé en trois parties racontant (à rebours) la vie de Chuck, mourant à 49 ans d’un cancer, danseur passionné coincé dans un costume de banquier, gamin orphelin trop tôt. La première partie est très bizarre, et fort difficile à résumer, au moment où Chuck se meurt, le monde meure avec lui, comme s’il incarnait l’humanité toute entière. En réalité, la nouvelle aurait pu s’arrêter là et j’aurais trouvé cela poétique, métaphysique presque, en tous cas clair et réussi. Mais ce qui est sous-jacent dans les deux autres parties est un peu difficile à appréhender. Chuck doit renoncer à ses rêves de danseur pour gagner sa vie et devenir responsable, là encore on peut imaginer qu’il incarne le genre humain. La dernière partie, sur son enfance, en revanche, je ne crois pas en avoir saisi la substantifique moelle !  Cela donne au final une nouvelle étrange, qui dénote dans le style de King, qu’il faudrait peut-être lire plusieurs fois pour bien l’apprécier.

« Si ca saigne », le grosse nouvelle, aurait presque pu faire l’objet d’un roman à elle seule. C’est clairement la suite de « The Outsider », et il vaut mieux l’avoir lu car les références y sont nombreuses, comme à la trilogie « Mr Mercedes »/ « Carnets Noirs »/ « Fin de ronde ». On y retrouve le personnage récurent et ultra attachant (le seul de King à ma connaissance), Holly Gibney. Quand Holly tombe sur un reportage sur un attentat terroriste dans un collège, elle est intriguée par le présentateur arrivé le premier sur les lieux. Quelque chose cloche chez ce type et elle n’arrive pas à mettre la main dessus. C’est par l’intermédiaire de son psychiatre qu’elle va faire la connaissance d’un ancien flic à la retraite, et ce qu’il lui montre est édifiant : l’Outsider qu’elle a combattu au Texas n’était sans doute pas un cas unique, juste d’un genre particulier. On retrouve dans « Si ça saigne » tout ce qu’on a aimé dans « The Outsider » (et au passage dans sa très réussie et presque fidèle adaptation sur petit écran), cette nouvelle est un replongée dans le monde terrifiant des « Doppelganger ». La lecture fonctionne mieux si on a lu et encore bien en tête « The Outsider ». Pourquoi ne pas en avoir fait une suite à part et l’avoir intégré dans un recueil de nouvelles ? Je ne sais pas trop, peut-être ce récit est-il trop court pour en faire une suite en tant que telle. Cette nouvelle est à la hauteur de « The Outsider » qui était déjà une vraie réussite. Mais force est de constater que cette grosse nouvelle très forte écrase les 3 autres, ce qui déséquilibre un peu son recueil, que beaucoup voudront lire surtout pour « Si ca saigne ».

Dans la dernière nouvelle, « Rat », Stephen King renoue avec une autre de ses marottes : l’écrivain en proie à l’angoisse de la page blanche. Ici, c’est Drew qui, après des tentatives avortées et douloureuses, a enfin LA bonne idée pour son premier roman. Pour écrire tranquillement, il quitte temporairement femme et enfants pour aller travailler dans un chalet du Maine perdu au milieu de nulle part. Tout se passe sur le mieux jusqu’à ce qu’une tempête terrible le bloque dans son chalet et que, terrassé par la fièvre, il se met à faire des rêves étranges. Nouvelle passionnante et assez anxiogène jusqu’à un dénouement un tout petit peu décevant, « Rat » fonctionne malgré tout comme un bon petit récit sans prétention, on dirait un long épisode de « the Twilight Zone ».

Pris dans son ensemble, le recueil « Si ca saigne » est un petit peu bancal, la nouvelle éponyme phagocytant un peu les autres. Si on a aimé « The Outsider », on fonce sur « Si ca saigne » et au passage, on se laisse charmer par « Rat » et « Le Téléphone de Monsieur Harrigan » qui sont très emblématiques de ce qu’on aime chez King. En revanche, « La Vie de Chuck », toute poétique qu’elle soit, dénote et intrigue.

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