Le coin des livres : Une Famille presque Normale

Un papa pasteur de l’Église suédoise, une maman avocate, une fille unique qui vient de fêter ses 18 ans, la famille Sandell est normale, et en apparence équilibrée, épanouie, et heureuse. Jusqu’à ce jour où la police vient arrêter Stella, la fille du couple. Une voisine l’a aperçu dans les parages d’une aire de jeu où un trentenaire fortuné, Christopher Olsen, a été retrouvé mort poignardé. Les parents de Stella, Adam et Ulrika, ne connaissent pas cet homme, mais ils savent bien qu’à l’heure du crime leur fille n’étaient pas à la maison, et ils découvrent un chemisier taché de sang dans la buanderie. La vie si ordinaire de la famille Sandell est sur le point de basculer.

Le roman de MT Edvardsson est presque plus original dans sa forme que sur le fond. Le roman est séparé en 3 grandes parties, Successivement, le père (l’enquête), puis la fille (l’incarcération préventive) et enfin la mère (le procès) deviennent le narrateur et parlent à la première personne. Il ne s’agit donc pas de revoir les événements sous trois angles différents, mais plutôt de dérouler les trois phases d’un fait divers sous trois angles différents. Et puis, les habituels flash back parsemés tout le long de l’intrigue viennent éclairer le propos et assez vite, un peu trop vite à mon goût, on devine où on va être emmené. Les chapitres sont cours, le style est agréable et comme le nombre de personnage est assez limité, on suit cette intrigue sans déplaisir ni difficulté, d’autant plus qu’elle est relativement simple, pour ne pas dire assez banale. Ceci-dit, le roman n’évite pas quelques longueurs, en particulier dans sa dernière partie. Sur le fond, comme je l’ai dit l’intrigue est assez banale et paradoxalement, l’intérêt du livre ne se situe pas dans le fait de savoir si Stella a tué Christopher Olsen (la découverte du chemisier dans les 10 premières pages ne laisse pas beaucoup de place au doute!) mais sur le pourquoi, et le comment. Dans cette histoire, personne ne dit franchement les choses, tout le monde cache ses petits secrets, personne n’est réellement innocent, pas même la victime. Stella reste muette, elle se contente de nier sans donner réellement à sa défense de quoi l’innocenter (pourquoi?). Adam est prêt à tout pour sauver sa fille, lui, l’homme d’Église à la réputation irréprochable , ira-t-il jusqu’à franchir le rubicond, dissimuler des preuves, mentir sous serment ? Sa personnalité est moins lisse qu’on ne l’imagine. Ulrika, avocate en apparence épanouie et heureuse, est-elle vraiment cette femme a qui tout réussi, et qui a épousé la perle rare ? Son expérience d’avocate la poussera-t-elle à manipuler les preuves et la vérité pour sauver sa fille unique ? Poser la question, c’est déjà un peu y répondre. La vérité du crime n’est pas follement originale, elle est même tristement banale et ô combien crédible. La fin du roman, assez amorale (même si la situation est loin d’être binaire entre Bien et Mal), tombe un tout petit peu à plat, elle est abrupte et n’est, pour tout dire, ni époustouflante, ni inattendue. Mon sentiment est un peu mitigé sur « Une famille presque normale » alors que le roman partait pourtant bien (la partie « père » étant de loin la meilleure), la faute à une intrigue trop simpliste et un tout petit peu trop téléphonée.