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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


le coin des livres : La Vallée

Publié par Christelle Point sur 20 Septembre 2020, 08:43am

Alors qu’il est suspendu (après avoir été rétrogradé) par la Police Nationale, et qu’il est attente du Conseil de discipline pour avoir gravement déconné lors d’une enquête précédente, Martin Servaz reçoit en pleine nuit le coup de téléphone bref de Marianne,  son amour perdu et disparu depuis 8 ans (et pour ainsi dire donnée pour morte). Son portable est localisé dans une vallée des Pyrénées, et sans avertir personne, il fonce tête baissé vers la petite commune d’Aiguesvives, où il retrouve une vieille connaissance. Lorsqu’un glissement de terrain isole la commune du reste du monde, il se recouvre piégé dans un petit périmètre où les crimes se succèdent, et où les gens ont peur et commencent à se mettre dangereusement en colère. Pas évident de résumer le très dense roman de Bernard Minier, surtout quand comme moi, on a « zappé » deux romans intermédiaires de la série « Martin Servaz ». En effet, il est beaucoup question des anciens tomes dans cette intrigue, et non seulement il m’en manquait deux (« Sœurs » et «  Nuit » dont maintenant je connais quasiment le dénouement, ce qui ne m’incite pas tellement à les lire), mais le souvenir de « Glacé » et du «  Cercle » était assez flou dans ma mémoire. Du coup, j’ai galéré un peu, mais j’ai fini par y arriver et même à prendre un vrai plaisir de lectrice devant « La Vallée ». L’histoire est cohérente, même si elle parait un peu touffue, on comprend assez vite et assez bien ce qui se trame dans cette petite commune pyrénéenne. Les morts étranges se succèdent (mis en scène comme il se doit, de façon improbable, bien glauque et spectaculaire), les suspects de multiplient, les fausses pistes aussi, pour arriver à un dénouement (à moitié) inattendu et volontairement choquant et dérangeant. Martin Servaz est égal au souvenir que j’avais de lui, un peu trop tête brulée pour ne pas se mettre en danger et/ou s’attirer d’ennuis. On retrouve avec plaisir Irène, là encore conforme au souvenir que j’avais d’elle, droite dans ses bottes ! Ce qui fonctionne bien dans « La Vallée », au-delà de l’intrigue policière en elle-même à laquelle on essaie de croire malgré quelques grosses ficelles, c’est le contexte dans lequel s’ancre l’histoire : nous sommes en juin 2018, la Coupe du Monde occupe les esprits, mais on sent déjà poindre ce qui deviendra quelques mois plus tard,  la colère des « Gilets Jaunes », sa détestation de la police, des institutions, des élus, de l’autorité et de tout ce qui va avec. Je ne sais pas si Minier est tendre ou indulgent avec ces « rebelles »  à qui il attribue des motivations floues, peu cohérentes, bien peu constructives. Il est beaucoup plus clair et manichéen avec quand il évoque la Police, surtout dans ses derniers chapitres, qui, s’il était policier lui-même, je qualifierais de corporatiste ! De tous les romans de Bernard Minier que j’ai lu, c’est sans doute celui qui tient le mieux la route. Peut-être parce que le personnage d’Hirtmann (le grand méchant des volumes précédent) est absent et que je n’ai jamais adhéré à ce personnage trop tout (trop intelligent, trop cruel, trop malin, trop charismatique…). C’est agréable à lire, on dévore les 520 pages sans trop les voir passer, il y a des petits cliffangers à la fin des chapitres, les codes du roman noir sont respectés, ce n’est pas révolutionnaire mais c’est efficace et bien tenu. Même si quelques personnages sont dessiné à très gros traits, on marche dans la combine de Bernard Minier, une valeur sure du polar français.

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