Un agent de la CIA, dont on ne connaitra jamais le nom, accepte la mission de retrouver la trace d’un oligarque russe qui est en possession d’une technologie qui vient du futur et qui, en de mauvaises mains, serait dévastatrice. Cette technologie permet à des objets ou à des personnes d’inverser le temps et de le remonter (pour modifier le présent) pendant que pour tous les autres, il file normalement. Voilà, ce n’est pas très clair mais c’est à peu près tout ce que j’ai compris de « Tenet », le seul et unique blockbuster du moment, celui sur qui, apparemment, repose l’avenir du cinéma mondial (sic).
Après avoir haché le temps dans « Memento », après l’avoir plié et replié dans « Dunkerque », l’après l’avoir étiré comme un chewing-gum dans « Inception » puis contacté à la taille d’une tête d’épingle dans « Interstellar », Christopher Nolan le remonte frénétiquement dans « Tenet », titre palindrome qui rime avec « prise de tête » (je m’ennuyais un peu pendant la séance alors j’ai cherché des rimes !). Cette obsession pour le Temps s’arrêtera-t-elle un jour ? Christopher Nolan proposera-t-il un jour un film clair, intelligible, facile à suivre et pas un pensum abscond et interminable ? Puisqu’il veut que l’on parle du temps, commençons par parler de celui qui nous parait bien long devant « Tenet » et ses 2h30. Je n’ai rien contre les très long-métrages en général mais quand on ne comprend pas ce qui se joue à l’écran, quand on a du mal à se sentir concerné par des personnages aux motivations inintelligibles et par des rebondissements incompréhensibles, alors le temps passe, pour le coup, trèèès lentement. Pour le spectateur aussi le temps se distend et on se dit que si on pouvait le remonter, le temps, pas sûr qu’on prendrait une place pour « Tenet » ! Visuellement bien sur, c’est très soigné, certaines scènes d’action sont très réussies comme la prise d’otage dans l’Opéra de Kiev, les course-poursuites inversées, ou encore la courte scène en catamarans. La musique n’est pas inintéressante mais elle est tellement envahissante et surtout tellement forte que cela en devient incommodant. Bien-sur les scènes d’action en mettent plein la vue mais elles durent en longueur (surtout la scène finale en Sibérie, in-ter-mi-na-ble en plus d’être incompréhensible). C’est super bien filmé, la photographie est léchée (les scènes en Italie sont très belles), le rythme ne baisse jamais d’intensité, tout est techniquement impeccable et pourtant, qu’est ce qu’on s’ennuie… C’est exactement comme pour « Inception », on pense qu’on comprend (plus ou moins) ce qui se joue pendant une demi-heure et puis après, on lâche l’affaire : le scénario est trop abscond, trop tortueux. Et ce n’est pas le pire, le pire c’est qu’au fond, quand on y réfléchit un peu après coup, on se rend compte que son intrigue, c’est de l’esbroufe, ça sonne un peu creux. On est devant un scénario ultra compliqué et donc, on le croit d’emblée ultra génial. Sauf que non, toute cette complexité est là pour masquer le vide d’un scénario qui, au fond, ne traite que d’une chose bien connu : le syndrome du grand-père. Barjavel, pour ne parler que de lui, l’a traité de façon bien plus claire et tangible il y a longtemps ! C’est vraiment ça qui m’énerve avec le cinéma de Christopher Nolan, c’est du blockbuster un peu bourrin (mal) déguisé en film intello, c’est survendu, c’est surproduit et cela draine des milliers de spectateurs mais c’est de l’esbroufe ! Nolan propose des films tellement compliqués et retors (et je passe sur les dialogues un peu sentencieux qui vont avec) que certains se disent qu’il faut les voir plusieurs fois pour bien comprendre. Je ne marche pas, si on doit voir un film deux fois pour le comprendre, ce n’est pas la faute du spectateur, c’est uniquement celle du scénariste, et c’est une faute que Nolan répète encore et encore au fil de sa filmographie. Le casting de « Tenet », qui se résume peu ou prou à John David Washington, Robert Pattinson (dont je n’ai toujours pas compris qui il était après 2h30 de film !), Elisabeth Debicki et Kenneth Branagh, il fait de son mieux, ce casting prestigieux, mais il peine à nous convaincre. Comment se sentir en empathie ou en antipathie avec des personnages auxquels tu ne comprends pas grand chose ? On est censé vibrer au vu du suspens final, mais ça ne marche non plus : on comprend des bribes déci-delà, mais le tableau général est tellement fouillis qu’on subit les dernières scènes d’un œil détaché, presque pressé d’en finir. Non, il n’y a rien à faire, je ne marche pas dans la combine « Nolan ». J’avais cru, avec « Dunkerque » qu’il avait renoncé à ses travers mais il est retombé dedans la tête la première. Il a son fan-club, qui considère ses films comme des fulgurances de génie. C’est un club dont, définitivement, je reste exclue…