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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Le coin des livres : Les Années

Publié par Christelle Point sur 25 Juillet 2020, 07:20am

Elle est née en 1940, elle était enfant pendant la période des privations, jeune femme au temps du yé-yé, déjà professeur de français en 1968. Au  travers d’un album photo, elle se raconte, à la troisième personne parce que sa vie toute simple, c’était la vie de toutes. C’est la première fois que je lis un roman d’Annie Ernaux, et c’est une rencontre étonnante. Son roman sans intrigue « Les Années » c’est une autobiographie par petites touches, une autobiographie désincarnée ou elle parle d’ « Elle », de « On » ou de « Nous » mais n’emploie jamais le « Je ». Dans les premières pages, le style est déconcertant, on se demande si cela va fonctionner sur la durée et puis, d’une façon un peu magique, ça marche ! A chaque étape de la vie, à chaque photo une brève description, puis tout se qui se cache derrière, et puis aussi, au-delà de la petite histoire d’une vie, la Grande Histoire qui s’écoule. Cette femme toute simple, mariée jeune, maman de deux fils, divorcée dans les années 80, professeur de français, engagée parfois, émue souvent, indifférente aussi à la longue, devant un monde qui va de plus en plus vite et qui devient inextricable. Son regard engagé est souvent pertinent, de plus en plus désabusé au fil des années, mais c’est un peu normal quand on vieillit, non ? C’est un livre qui m’a forcément davantage « parlé » dans sa seconde moitié, vu que je suis née 30 après elle. Mais je pense que c’est un roman qui devrait plaire à ma maman, d’ailleurs je vais le lui faire lire ! Il n’est pas facile d’en dire davantage, aucun suspens à ménager, aucun spoiler à éviter, c’est une vie qui s’écoule dans un monde de l’après-guerre, de la Guerre Froide, de la Chute du Mur, du 11 septembre, avec ses présidents qui défilent, ceux pour qui elle a voté (deux fois), ceux qu’elle n’aime pas (les autres). Son regard, clairement de gauche, est souvent sans concession, parfois un peu injuste ou dogmatique (mais bon, c’est de bonne guerre !), on n’est pas d’accord avec tous ses choix, ses engagement mais quand elle évoque ses combats de femme, Charronnes, Malik Oussekine, la Guerre du Golfe, les attentats de la rue de Rennes ou du métro Saint-Michel, son émotion ou ses colères nous parlent, puisque elles rentrent en écho avec les nôtres. Dans ce monde qui va à 100 à l’heure et qui a la mémoire d’un poisson rouge, « Les Années » d’Annie Ernaux, c’est une plongée en nous-mêmes qui fait étrangement du bien, et dont on retire une certaine sérénité, une fois la dernière page tournée.

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