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Un point c'est (pas) tout

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Le coin des livres : Imperium

Publié par Christelle Point sur 23 Juin 2020, 15:16pm

L’ascension de Cicéron au Consulat, vu au travers du regard de son esclave Tiron, voilà ce que propose « Imperium », le premier volet de la trilogie Cicéronienne de Robert Harris. L’esclave Tiron a inventé un système de prise de note rapide et devient donc le secrétaire de cet homme intelligent et ambitieux, et il l’accompagne sur la longue route vers « l’Imperium », le pouvoir consulaire. Du procès pour corruption de l’ancien gouverneur de Sicile, jusqu’à son élection surprise au Consulat, Cicéron trace sa route dans l’univers impitoyable de la vie politique romaine. Il mène des combats, en gagne certains, mais doit se lier à l’ambitieux Pompée qui saura, un jour, lui présenter l’addition. Premier volet d’une trilogie sur Cicéron, un homme politique romain de son temps, ni particulièrement intègre, ni spécialement corrompu, mais en tous cas ambitieux, « Imperium » ne manque pas d’intérêt mais est malgré tout assez difficile d’accès. Sans connaissance préalable des institutions romaines du temps de la République, il n’est pas évident du tout de comprendre ses mécanismes, d’autant que ces institutions sont très différentes des celles que nous connaissons, et horriblement compliquées ! J’ai dû faire appel à mes souvenirs universitaires en la matière et même là, j’ai parfois été en difficulté, vu le nombre de personnages et de postes divers et variés. Et comme Robert Harris n’explique rien (en même temps, il ne va pas nous faire un cour d’histoire romaine!) et part bille en tête, et bien son livre est quand même assez ardu et un peu inégal. Certains passages sont clairs et très intéressants (le procès Verrès, l’alliance Pompée/César pour obtenir les pleins pouvoirs sur la Méditerranée), d’autres sont à la limite de l’abscons. Cicéron nous apparaît comme assez sympathique (surtout quand on connaît le sort qui lui sera réservé par la suite), il joue avec les règles politiques de son temps, le clientélisme, l’art oratoire, les subtilités de la loi romaine. Le fait de raconter Cicéron par le biais de son esclave et non directement est une bonne idée, c’est la même démarche que dans « D. », celle de raconter un fait historique en le prenant « de biais ». Ce qui est au final le plus intéressant dans « Imperium », c’est de constater combien la vie politique de la fin de la République Romaine, si différente soit elle dans la forme, est si ressemblante à la nôtre sur le fond, c’est comme si tout avait déjà été inventé par eux : le système mafieux, le clientélisme, la corruption, la fraude électorale, la peur comme arme politique, la concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul Homme face au péril étranger (ici les pirates), l’apartheid, etc. Dans ce qui ressemble fort parfois à un marigot, on prend vite conscience qu’on assiste à l’agonie de la République Romaine, et que l’affrontement Pompée/César couve, et provoquera l’avènement dans le sang de l’Empire. Ce n’est pas par hasard si cette période de l’Histoire Romaine est le sujet de Robert Harris, tout comme c’était le sujet de l’excellente série « Rome », c’est la période la plus fascinante de l’Histoire Antique Romaine, et la plus riche d’enseignement pour notre époque. Alors, même sans connaissance pointue de l’Antiquité, on peut quand même apprécier « Imperium », il faut juste de l’attention et quelques efforts, c’est un roman qui se mérite en quelque sorte...

 

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