Malik Bentalha au PMC de Strasbourg le 6 mars 2019

Devant une salle plutôt bien garnie, Malik Bentalha fait le show sans s’économiser pendant presque 1h30. Il y a chez ce jeune trentenaire une sensation de  sympathie quasi immédiate sur lequel le bougre capitalise sans vergogne. Arrivé sur scène sur une musique techno, il tombe bientôt la veste et règle d’entrée la question du physique : oui, Malik a pris du poids, ce n’est pas pour un rôle au cinéma, c’est juste qu’il kiffe le Nutella, comme beaucoup d’entre nous. Il ne lâche jamais son micro, Malik, préférant l’instrument old-school au micro casque micro intégré, pourtant très répandu aujourd’hui dans le stand up et les one man shows.  Sur un rythme d’enfer, il évoque sa famille, son enfance et l »éducation stricte qu’il a eu (une constante chez les stand-uper), l’école et les poésie à apprendre, son voyage à Pattaya, et puis tous les trucs qui l’éclatent ou qui l’énervent, comme les vendeurs des boutiques de prêt-à-porter, les clubs de fitness, les gars qui se prénomment Steven, les végétariens, les spécialistes de l’islam sur BFMTV et même, sans jamais se départir de son humour potache, les attentats du 13 novembre, qu’il a eu le malheur de voir de son balcon. On pense parfois qu’il improvise, mais à mon avis son spectacle est très écrit et il n’improvise qu’à la marge, en jouant un petit peu avec le public. Il a un gros abatage, c’est certain, alors parfois certains passages sont un peu longs, un peu appuyés, un peu lourds mais c’est assez anecdotique. On est ici dans du stand-up urbain assez classique, efficace pour peu qu’on soit sensible à cet humour. Son spectacle aurait peut-être gagné à être allongé d’un rappel ou deux, la fin semblant un peu brutale. Mais Malik Bentalha, pourvu qu’il sache se renouveler et ne pas faire pendant 15 ans le même stand-up, a un vrai avenir devant lui sur scène comme derrière la caméra. J’espère que le cinéma lui donnera une occasion de sortir du rôle un peu stéréotypé du « petit mec sympa et rigolo de banlieue » dans lequel il est malheureusement encore cantonné aujourd’hui.

Malik ouvre son frigo...