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Un point c'est (pas) tout

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Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Critique cinéma : Dumbo

Publié par Christelle Point sur 31 Mars 2019, 14:37pm

Un beau jour de 1919, dans le sud des Etats-Unis, un petit cirque itinérant (et qui tire le diable par la queue) voit son éléphante vedette donner naissance à un petit éléphanteau difforme, affublé d’oreilles gigantesques. Ce qui parait être au début une catastrophe s’avère vite une chance inouïe, lorsque deux enfants de la troupe découvrent que le nouveau-né, Dumbo, peut voler grâce à ses oreilles. Dés lors, le petit cirque de Max Medici qui n’intéressait personne se retrouve convoité par l’empereur des parcs d’attraction de Coney Island, VA Vandervede. Vandeverde achète Medici et toute la troupe pour faire main basse sur Dumbo, avec dans l’idée d’en faire le clou de son nouveau spectacle, mais un bébé éléphanteau séparé de sa mère n’est facile ni à dresser et à canaliser.

Que vaut le tout dernier Tim Burton ? C’est la question qu’on se pose en entrant dans la salle de cinéma. On sait qu’on va voir un film de Tim Burton mais aussi un film Disney, alors on en un peu méfiant, c’est naturel. Surtout que tous et toutes nous avons en tête de dessin animé de 1941 (et oui…) que nous avons vu enfant, et en voir un remake version Burton, c’est à la fois prometteur et légèrement angoissant ! « Dumbo », c’est, sur le papier, l’histoire parfaite pour Tim Burton : sur le fond le sujet traite de son obsession de toujours (la différence et la difformité comme une force) et dans la forme, le monde du cirque lui donne l’occasion de jouer avec ce qu’il adore : les décors foisonnants, les couleurs chatoyantes, les costumes chargés et chamarrés en y ajoutant la noirceur qui le caractérise. Dans la forme, il n’y a pas grand chose à redire sur son travail, le film dure presque deux heures mais sans baisser de rythme, les scènes de cirques sont assez époustouflantes (la scène des bulles de savon est magnifique), les décors formidables, et le bébé éléphant est plus vrai que nature (alors qu’il est évidemment en image de synthèse). C’est évidemment lui la vedette du film, adorable et espiègle, on a immédiatement envie de câliner ce bel animal et on se demande comment il peut susciter les moqueries ou le dégout tellement il est chou ! Si certaines scènes de vol peuvent paraitre un peu artificielle, notamment avec Eva Green sur son dos, ce n’est pas bien grave, on peut faire semblant de ne pas le remarquer pour se laisser bercer par la magie de l’instant. Dans la forme, il n’y a qu’une chose que je lui reproche et qui est vraiment peu agréable, c’est la musique de Danny Elfmann, beaucoup trop forte, elle appuis trop les effets et de façon très peu subtile. C’est une musique qui est surement agréable à écouter en CD à la maison, mais ici, sur les images, elle casse les oreilles et pollue le film. Les vrais acteurs qui entourent la vraie star du film, Dumbo himself, en sont presque réduits au rang à servir de faire valoir de l’éléphant ! Michael Keaton en Vandeverde, vénal et onctueux comme un vrai businessman-Disney, ou bien Eva Green en acrobate au grand cœur, ou bien encore Colin Farrell en dresseur d’éléphant, ou même Danny de Vito en Medici, tous font le job sans problème, en cabotinant juste ce qu’il faut pour un film de Tim Burton, c'est-à-dire en cabotinant quand même franchement ! Evidemment, il ya des enfants puisque nous sommes dans un film Disney, des enfants plus sages, plus intelligents et plus vertueux que les adultes, bien entendu. Ils sont incarnés ici par Nico Parker et plus en retrait par Finley Hobbins, tous les deux adorables de fraicheur. Comme nous sommes, je le répète, chez Disney, il y a un cahier des charges à respecter : les méchants doivent être carrément méchants (et si on le voit sur leur visage, c’est encore mieux), les enfants doivent être plus malins et honnêtes que les adultes, ils doivent d’ailleurs donner le ton et être la solution au problème final (dans le cas présent, réunir Dumbo et sa maman), s’ils sont orphelins c’est encore mieux (ici, de leur maman, d’où la volonté de réunir maman et bébé) et le Bien doit l’emporter sans ambigüité à la fin. Voilà, Tim Burton doit se couler dans ce moule là, lui est sa fascination pour la gothique, la noirceur, et la difformité. Alors évidemment, on est loin de « Sleepy Hollow » et de sa violence stylisée, loin de « Mars Attack » et son humour hyper décalé et irrévérencieux, très loin du sanglant « Sweeney Todd », le Tim Burton que j’affectionne. Ici, il a du composer avec un scénario cousu de fil blanc, capable d’être intelligible et regardable même par un jeune public. Du coup, quand on est adulte, même si on peut se laisser bercer par la magie de « Dumbo », on n’est pas non plus bouleversé par un scénario qu’on a déjà eu l’impression de voir cent fois. L’amour maternel, la tendresse entre l’animal et l’humain est opposé à l’exploitation vénale des animaux dans les cirques et les parcs d’attraction, c’est dans l’air du temps, c’est vertueux, mais c’est un propos simple, voire simpliste. Tous ce qui est brodé autour, le début d’idylle entre l’acrobate et le dresseur handicapé (revenu la Grande Guerre avec un bras en moins), le deuil maternel des enfants qui s’incarne dans la volonté de réunir Dumbo et sa maman, tout cela est aussi convenu que tout le reste, sans originalité échevelée, sans surprise, sans magie et bien-sur, sans aucun cynisme ! Si on aime Tim Burton, on peut se laisser tenter par « Dumbo » pour la beauté des images, pour la magie de redevenir un enfant pour quelques heures. Mais si on aime vraiment Tim Burton, on peut quand même trouver dommage que le carcan Disney ait autant bridé sa créativité.

La bande annonce de "Dumbo"

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