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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : Ocean's 8

Publié par Christelle Point sur 17 Juin 2018, 14:37pm

A peine sortie d’une prison du New Jersey, Debbie Ocean (la sœur de qui-vous-savez) contacte son ancienne girlfriend et lui propose le coup du siècle : dérober un collier Cartier à 150 000 000 $ pendant le fameux gala annuel du MET, le célèbre musée New Yorkais. Pour opérer ce casse en douceur, sans la moindre violence, il leur faut des complices, chacune experte dans un domaine bien précis : le recrutement commence…

 

Le succès tout relatif de « Ocean’s 13 », qui commence sérieusement à dater aujourd’hui, avait sonné le glas de la saga des « Ocean’s », pensait-on… Mais le mouvement Time’s Up est passé par là et aujourd’hui, la nouvelle mode c’est de refaire des films -jackpot mais en féminisant complètement le casting. Après donc un « SOS Fantômes » exclusivement féminin, c’est la célèbre saga de Steven Soderbergh que l’on va exploiter avec cet opus, dont je soupçonne qu’il n’est que le premier d’une série à venir. Ici, pas de Soderbergh derrière la caméra mais uniquement à la production, et c’est à Gary Ross que revient la réalisation. Ross essaie de faire du Soderbergh et il fait de son mieux. Le film est bien calibré, sans temps morts, sans scène superflues, avec la petite dose d’humour qui va bien, quelques flash back pour bien illustrer la personnalité de Debbie Ocean et une bande originale sympathique et omniprésente, comme c’était le cas pour les trois premiers opus masculins. Ici, on reconnaitra une version remixée de la célèbre « Chanson de Lara » de Maurice Jarre (on peut difficilement trouver meilleur musique de film que « la Chanson de Lara »), on entendra Charles Aznavour aussi, ce qui est toujours agréable. Bref, tout cela est pensé, maîtrisé, bien produit sauf que… Ross n’est pas Soderbergh et il manque la patte du maître : la photographie n’est pas légèrement vintage, la bande originale ne l’est pas non plus et il manque aussi cet humour très décalé qui faisait le sel de « Ocean’s 11 ». C’est proprement réalisé, mais ça n’a pas la saveur de l’original : « Ocean’s 8 » et « Ocean’s 11 », c’est un bon réalisateur essayant de se caler du mieux qu’il peut dans les pas d’un excellent réalisateur ! Coté casting, elles ne sont que 8 et on a un vrai plaisir à voir longuement à l’écran Sandra Bullock qui, ces dernières années, semblent avoir renoué avec des rôles à sa mesure. A ses cotés Cate Blanchett, Mindy Calling, Sarah Paulson, Helana Bonham Carter, Awkwafina, Rihanna et Anne Hathaway (8, le compte est bon). Je ne suis pas fan d’Anne Hathaway, c’est le moins que l’on puisse dire et là encore, du lot, c’est probablement elle qui est la moins convaincante, même dans un rôle où elle s’autoparodie un maximum. On notera des petits caméo comme Serena Williams, Kim Kardashian, Kathie Holmes ou même (peut-être, je ne suis pas sure que ce soit vraiment elle) Anna Wintour. Bref, si l’on ajoute deux clin d’œil à la bande d’ « Ocean’s11 », un au début, un à la fin, on a un casting quatre étoiles qui ne peut que faire le job, c’est évident. Là où le film déçoit un peu plus, en revanche, c’est sur le scénario : on garde 99% de la saga et le 1% qui change pose question. Je m’explique : dans « Ocean’s 8 », il s’agit de faire un casse improbable à plusieurs, en recrutant tout d’abord des complices tous super forts dans un domaine précis : la hackeuse, l’experte en diamants, la pickpocket,… Toute la première partie du film consiste à convaincre tout ce petit monde puis vient la longue préparation du casse, où l’on essaie de penser à tout, de tout envisager, et évidemment il y a un imprévu qui manque de tout flancher par terre et puis le jour J arrive. Le casse est millimétré, il y a du suspens car tout se joue à la seconde près, c’est comme un engrenage dont on sait d’avance qu’il ne va pas gripper. Et ensuite, on découvre qu’il s’agissait de billard à trois bandes, qu’il y avait un (ou deux) coups dissimulés dans le coup et le tour est joué, le générique de fin arrive et roule ma poule… Ben oui, c’est de la pure resucée de « Ocean’s 11 », on féminise le tout et ça se résume plus ou moins à cela. Le 1% qui change me laisse un peu perplexe. Puisqu’il s’agit de nanas, on ne va pas leur faire voler du fric, non, ce serait vulgaire : on va leur faire voler un bijou et ça leur donnera l’occasion de porter des supers robes, puisqu’il est aussi beaucoup question de mode, c’est bien plus féminin, non, les bijoux et la mode ? Et puis, entre Debbie et Lou, ce n’est pas tout à fait comme entre Danny et Rusty, respectivement George Clooney et Brad Pitt. Non, là, on va leur donner une sexualité un peu ambigüe, sans jamais insister dessus, on va laisser entendre qu’elles sont un peu lesbiennes, c’est quand même plus… plus quoi en fait ? Ca fait phantasmer le spectateur alors qu’imaginer Clooney et Pitt ensemble, ça ne fait pas pareil ? En résumé, « Ocean’s 8 » n’a qu’un mérite, et pas des moindres, c’est qu’il donne une furieuse envie de revoir « Ocean’s 11 » ! Parce que sinon, en tant que tel, sans être un mauvais film ni un moment de cinéma désagréable, il n’apporte pas grand à une saga qui s’était déjà bien essoufflée. Le pire, c’est que vu la fin du film, des jalons seraient posés pour une suite, voire un cross-over avec les garçons, que je ne tomberais pas de ma chaise !

 

Je m’interroge malgré tout sur la pertinence de « féminiser » ainsi des succès de cinéma, comme une espèce d’alibi à une industrie qui continue de mettre au rencard les actrices de plus de 45 ans, qui continue de donner des cachets moindres aux actrices banckable, et qui persiste à cantonner bien trop souvent les rôles féminins à ceux de la « petite amie du héros ». Il va falloir plus qu’un « Ocean’s 8 » pour guérir Hollywood de son machisme !

 

La bande annonce de "Ocean's 8"

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