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Un point c'est (pas) tout

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Critique cinéma : L'Extraordinaire Voyage du Fakir

Publié par Christelle Point sur 3 Juin 2018, 14:42pm

A la mort de sa mère et après avoir passé le plus clair de son temps à jouer les faux fakirs et escroquer les touristes de Mumbaï, Aja décide de prendre un billet d’avion pour Paris. Mère célibataire, sa maman lui avait toujours expliqué que son papa était français et le petit Aja avait beaucoup phantasmé sur la question. Avec en poche les cendres maternelles et un faux billet de 100€, Aja débarque à Paris. C’est pour lui le point de départ d’une épopée européenne qui l’amènera en Angleterre, en Espagne, en Italie mais aussi en Lybie, qui l’amènera à côtoyer des demandeurs d’asile et des stars de cinéma, et surtout qui le mettra sur la route d’une belle américaine.

 

Adapté du roman « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea » (que je n’ai pas encore lu), le film de Ken Scott fait invariablement penser à un « Slumdog millionnaire » mâtiné de « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire », c'est-à-dire une sorte d’épopée improbable d’un personnage positif, entrainé malgré lui dans des aventures rocambolesque et qui débouche sur une jolie morale toute simple. On peut objecter que c’est surement un postulat un peu « cul-cul la praline » mais c’est oublier bien vite que ce genre d’aventure haute en couleur, c’est sont vieux comme le monde, ou tout du moins comme « L’Odyssée » d’Homère ! Ken Scott livre une copie trépidante, menée à un rythme très soutenu et qui ne laisse pas le spectateur souffler. 1h41 pied au plancher derrière les traces d’Aja, qui raconte à postériori ses aventures à 3 gamins des rues de Mumbaï (ce qui fait qu’on comprend immédiatement que son périple va le ramener chez lui, pas de faux suspens là dessus). Si Paris et Rome sont filmés comme des villes de carte postale, l’Angleterre et l’Espagne ne sont elles montrées que sous un jour policier ou administratif, et ne parlons pas des camps de réfugiés de Lybie. Coloré par une bande originale un peu tonitruante (oh, de l’accordéon quand il est à Paris, comme c’est original !) et sans imagination, le film de Ken Scott se laisse suivre sans ennui et sans déplaisir  Il est agrémenté de quelques flash back, et de quelques scènes de danses et de chants (hommage à Bolywood, surement) un peu étranges et qui semblent arriver comme un cheveu dans la soupe (surtout la première). C’est honnêtement réalisé et surtout très bien casté. Mené par un rôle titre omniprésent, l’acteur indien Dhanusch (très bien), et riche en seconds rôles parfois anecdotiques mais toujours hauts en couleur (Bérénice Bejo, Gérard Jugnot, Sarah-Jeanne Labrosse ou encore Erin Moriarty), le film fait la part belle aux personnages un peu extrêmes, un peu borderlines, un peu improbables. Mais encore une fois, il faut accepter le fait qu’on soit davantage dans un conte moderne que dans un film traditionnel, les personnages sont marqués, la morale est un peu appuyée, c’est la règle du jeu. Je ne peux pas juger de la qualité de l’adaptation puisque je n’ai pas encore lu le livre de Romain Puertolas, ce qui me donne l’occasion d’un regard neutre sur le scénario. Forcément, les esprits chagrins peuvent le trouver lénifiant, improbable, moralisateur et flirtant plus que de raison avec le « n’importe quoi », c’est de bonne guerre et je peux l’entendre. Mais n’empêche, si l’on gratte un peu et qu’on va eu delà des aventures « picaresque » d’Aja (dont le nom complet est imprononçable), la peinture de l’Europe qui est faite par le film n’est pas dénuée d’intérêt. Mélange de carte postale pour touriste et de miroir aux alouettes pour migrants (l’Angleterre, le pays du lait et du miel), la réalité de l’Europe que découvre Aja est davantage faite de camps de transit, de police aux frontières, de chiens policiers et lits de camps. Son véritable passeport ayant été pris pour un faux et détruit, voilà le touriste devenu sans papier et le glamour de l’Europe en prend en sacré coup. C’est l’optimisme, la volonté et l’honnêteté d’Aja qui finira par le sortir de l’ornière. Oui le message est simpliste, il est plein de bons sentiments et dans une époque qui se vautre dans le cynisme ça fait bizarre. 1h40 de cinéma devant un film bourré d’ondes positives, d’humour, de tendresse et d’humanisme ça ne va pas changer le monde, ça ne va pas régler la crise migratoire, ca ne va pas modifier le regard raciste de certain peuple européens et certains français, mais honnêtement, ça ne va pas faire de mal non plus. Malgré ses faiblesses, son scénario improbable, ses seconds rôles caricaturaux (encore que le taxi parisien sonne drôlement vrai !), « L’Extraordinaire voyage du fakir » est un bouffée de fraicheur dans une époque oppressante, quelques minutes de cinéma pour grands enfants dans un cinéma mondial en panne d’imagination. Ce film met en scène un super héros d’un genre bien différent des blockbusters du moment, un tout petit peu plus crédible et humain. J’ajoute pour conclure que le film de Ken Scott n’a pas peur de faire ce qu’en France on évite soigneusement : le placement de produit. Même si la marque suédoise est absente du titre, elle reste très bien mise en valeur par les aventures du jeune Aja qui voue aux meubles aux noms improbables une fascination qui me laisse un peu dubitative ! Mais comme on dit, les gouts et les couleurs…

 

La bande annonce de "L'Extraordinaire Voyage du Fakir"

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