Critique cinéma : Life - Origine Inconnue

L’équipage international de l’ISS, à quelques kilomètres au dessus de nos têtes, tremble d’excitation à la perceptive d’entamer la nouvelle mission qui est la leur : une capsule va s’arrimer à l’ISS, avec les premiers prélèvements de Mars. Ils vont pouvoir les analyser en détail et enfin savoir si la vie, à l’état cellulaire, a existé sur la Planète Rouge. Très vite, ils trouvent un organisme unicellulaire en hibernation qu’ils tentent de ramener à la vie, avec un certain succès. Sauf qu’ils n’ont pas idée de ce qu’ils viennent de faire renaître…

« Dans l’espace, personne ne vous entendra crier », c’était le sous-titre du tout premier « Alien » je crois, qui commence à dater sérieusement. Et c’est sans doute parce que la franchise « Alien » en a encore sous le pied (le prochain sort bientôt, avec Ridley Scott aux mannettes) qu’aujourd’hui apparait sur les écrans « Life – Origine inconnue ». Déjà, le titre aurait du se limiter à « Life » vu qu’au bout de 10 secondes de film, on sait très bien d’où va venir cette nouvelle vie : de Mars ! Son origine n’est aucunement inconnu… Mais bon, passons sur cette erreur purement marketing. Le film de Daniel Espinoza a les qualités d’un film de SF américain qui a les moyens de ses ambitions : décors plus vrais que nature, scènes d’action haletantes, suspens permanent, musique omniprésente mais pas désagréable (juste un peu trop forte, comme d’habitude), pas de baisse de rythme, très peu de scènes de dialogue pure genre « Je me rappelle, quand j’étais petit… » (Mais bon il y en a quand même !), bref, c’est hyper pro, hyper produit, bien calibré, de ce côté-là pas grand-chose à redire, sauf quelques trucs un peu énervants. Par exemple, on sait que dans l’espace, du fait de l’absence d’air, il n’y a pas d’ondes sonores possibles et que tout se fait i dans le silence. Oui, je sais, c’est cinématographiquement frustrant mais c’est comme ça ! Et bien là, dés que quelque chose se casse hors de l’ISS, et ça arrive souvent, ça fait du bruit ! Dieu merci, ça n’explose pas dans un déluge de flammes comme dans « Star Wars » ! Espinoza tente quelques plans séquences audacieux, quelques petites choses intéressantes, comme les scènes filmées du point de vue de l’Alien, ou celles filmées du point de vue de la fille aveuglée par son scaphandre qui se remplit d’eau. Non, honnêtement de ce point de vue c’est très propre, très professionnel. Le casting tient son rang, de Ryan Reynolds à Jake Gyllenhaal en passant par Ariyon Bakare ou encore Hiroyuki Sanada. Le casting est international comme l’est l’équipage de l’ISS : un japonais, deux britanniques, deux américains et une russe. Je ne trouve rien à redire à leur performance, ils font le job, sans trop en faire dans le héros ou au contraire sans surjouer la terreur. Parce que bon, on comprend vite qu’ils vont plus ou moins (et plutôt plus que moins) tous y passer, étant donné la bestiole qu’ils ramènent (deux fois !) à la vie ! Le scénariste de « Life – Origine inconnue » est probablement un fan d’ « Alien » étant donné que le scénario de son film s’en inspire énormément. Il y a quelques différences bien-sur : la proximité de la Terre posant une autre problématique que celle du « Mais qui va survivre ? », le film est moins « gore » que son modèle, mais dans l’ensemble « Life – Origine inconnue » lorgne dangereusement vers son modèle. Et je dois dire que je m’attendais à un peu plus de subtilité, je m’imaginais autre chose que cet organisme qui grossit, devient un vrai monstre horrible et assoiffé de sang. J’avais espéré quelque chose de plus angoissant et moins horrifique, comme un virus par exemple. Là, pour le coup, l’ennemi est vite identifié et comme prévu, il devient de plus en plus gros, de plus en plus fort, de plus en plus vilain, de plus en plus indestructible et de plus en plus intelligent, et cela à une vitesse dépassant l’entendement. Du coup, il faut un peu faire semblent d’y croire quand même. Le scénario est efficace dans le sens où il fait flipper, bien-sur, mais il est quand même très cousu de fil blanc : la bête va s’attaquer à l’équipage un par un, et pas grand monde n’y échappera. Toutes les catastrophes qui pouvaient arriver vont arriver : changement de trajectoire de l’ISS, untel qui fait le pire choix possible et se jette dans la gueule de l’Alien, panne de ceci, pénurie de cela, sens du sacrifice du capitaine, sacrifice ultime pour sauver au moins un des membres d’équipage (ça c’est pour la fin), bref, on voit tout arriver d’assez loin quand même. Deux petites audaces malgré tout, d’abord celle de tuer un des acteurs phares dans les 20 premières minutes du film, ce n’est pas si fréquent à Hollywood de sacrifier une grosse star quasiment d’emblée. Et la toute fin, qu’on peut voir venir ou pas mais qui a la mérite de tordre (un tout petit peu) le cou aux fins habituelles de ce genre de film. Sinon, on peut qualifier « Life – Origine inconnue » d’avatar d’ « Alien » sans trop exagérer. Cela dit, il y a pire comme modèle !

Si on prend un tout petit peu de hauteur, le petit problème du film de Daniel Espinoza, c’est qu’il pose le postulat que la science (ici, la biologie) et la conquête spatiale sont sources de dangers, et qu’il vaudrait presque mieux rester bien tranquille sur Terre sans savoir ce qu’il y a ailleurs. Or, on sait bien qu’il est dans la nature humaine de vouloir explorer, de vouloir comprendre et connaitre, et que cette aspiration est plus forte que le danger ou la peur. Christophe Colomb n’aurait jamais découvert l’Amérique s’il avait eu peur de s’engager sur l’océan vers l’inconnu. « Life – origine inconnue » à ce tout petit arrière-gout de frilosité scientifique et de « chacun chez soi » bien dans l’air du temps, mais pas très agréable.

La bande annonce de "Life - Origine Inconnue"