Le coin des livres : Rêver

Quand on lit la quatrième de couverture du dernier thriller de Franck Thilliez, on se dit qu’on va galérer avec l’histoire de cette fille narcoleptique qui confond le rêve avec la réalité à tout bout de champs. Et quand on lit l’intro et qu’on se rend compte que Thilliez alterne ses chapitres entre le passé et le présent, on se dit que décidément, il exagère ! Abigaël est psychologue criminologue et elle travaille avec la gendarmerie depuis des mois sur des enlèvements d’enfants bien tordus. Parallèlement, elle lutte contre une narcolepsie très envahissante à coup de médicaments. C’est un violent accident de voiture dont elle est inexplicablement la seule survivante qui va tout déclencher. La narcolepsie devient de plus en plus envahissante, ses rêves de plus en plus étranges et ses trous de mémoire de plus en plus longs. En lutte contre elle-même, Abigaël va découvrir que cet accident et l’enquête sur laquelle elle travaille sont peut-être liés. Avec « Rêver », Thilliez nous refait le coup de « La mémoire fantôme », en y ajoutant un soupçon de « L’anneau de Moebius » en plus ! C’est toujours aussi addictif, écrit avec un style agréable, avec des chapitres courts, équilibrés et qui se termine souvent sur un petit suspens qui fait qu’il est difficile de lâcher le roman. L’oscillation dans le temps de son récit n’est finalement pas rédhibitoire même si je me demande si, dans le cas présent, ce n’est pas un artifice inutile, sorte d’effet de mode plus qu’autre chose. Ca n’enlève rien au suspens, ça n’en rajoute pas non plus. L’intrigue est quand même assez complexe (et les motivations criminelles toujours aussi tordues !), Abigaël est attachante, son « handicap » n’est pas irritant comme finissait par l’être celui de « La mémoire fantôme » mais Thilliez ne résiste pas à nous faire confondre allègrement rêve et réalité, sans toutefois en abuser. On peut trouver la fin un peu « facile », un tout petit peu décevante (l’identité du ravisseur m’a laissé un peu dubitative) et honnêtement, le « coup de théâtre » de la fin, je le pressentais depuis un bon moment, malgré les efforts du l’auteur pour détourner mon attention du personnage qui le déclenche, j’ai même trouvé qu’Abigaël mettait bien du temps à ouvrir les yeux (sans mauvais jeu de mot !). En résumé, j’ai passé un bon moment avec « Rêver », bien que cela ne soit pas mon expérience « Thilliez » la plus enthousiasmante. Si je devais conseiller un roman de Thilliez a quelqu’un qui ne connait pas du tout cet auteur, je ne choisirais pas celui-là en premier, il en a écrit des meilleurs.