Le coin des livres : Que ta volonté soit faite

Avec « Que ta volonté soit faite » Maxime Chattam change un petit peu son style, on n’est pas ici dans un thriller classique du genre « Mais qui est l’affreux criminel ?» avec un rebondissement final étourdissant. C’est souvent ce qu’il a fait dans le passé, souvent très bien d’ailleurs. Mais cette fois, il nous fait entrer dans la tête d’un psychopathe dés le premier chapitre. Le discours n’est pas à la première personne mais c’est tout comme, « Que ta volonté soit faite » c’est le parcours de Jon Petersen depuis le jour de sa naissance : ses premières pulsions, ses premiers passages à l’acte, ses premières victimes, sa fuite en avant, son absence totale d’empathie pour qui que ce soit ; sa dérive que rien n’arrêtera et surtout pas lui qui se complait dans la violence et le sexe sans jamais (à part peut être une fois en confession, et encore…) chercher à s’amender. Le suspens est ailleurs, jusqu’où ira t- il ? Qui ou quoi l’arrêtera ? Que deviendront ses victimes ? Est-ce que l’une d’elle cherchera à se venger ? C’est peut-être le roman le plus malsain de Chattam, qui avait pourtant mis la barre très haut en la matière. Mais c’est cette fois une violence crédible, sans motivation ésotérique, sans complots machiavélique et flics casse-cou à la clef, une histoire comme il peut s’en produire des milliers partout dans le monde, sans que cela ne sorte dans la presse. Je pense que c’est cette crédibilité qui fonctionne et qui fait de ce roman une réussite. Difficile de le lâcher, même si on peut être un petit peu rebuté par quelques passages un poil complaisant quand il évoque les violences sexuelles de façon très crues (mieux vaut être prévenu), et même si la fin laisse très perplexe. La fin, parlons en sans trop en dire. Chattam choisi une fin très inhabituelle, et devant cette fin, on peut avoir en tant que lecteur deux réactions : soit crier au génie du thriller et saluer le courage d’une fin originale et tout sauf convenue et prévisible, soit on crie à l’arnaque ! Il ya deux école et moi, je dois avouer que je me demande encore si avec cette fin, il ne fiche pas un tout petit peu de moi. Je trouve ça dommage car le roman est vraiment une réussite et avec une fin plus conventionnelle, ça aurait pu figurer dans mon TOP 10 des thrillers…