Dans un futur surement lointain, le vaisseau spatial Avalon (déjà, le nom… Ils auraient du se méfier ! Autant l’appeler carrément « Titanic » tant qu’on y est !) est en pilotage automatique vers une planète colonie de la Terre, avec 5000 passagers et près de 300 membres d’équipage à son bord. Le voyage dure 120 ans et tout le monde est en hibernation. Tout le monde ? Non… Un jour, au bout de seulement 30 ans de voyage, Jim est réveillé par son module d’hibernation. Très vite, il comprend qu’il a été réveillé 90 ans trop tôt et par accident, autant dire qu’il est condamné à mourir seul pendant le voyage. La solitude ne tarde pas à lui peser horriblement, après la révolte vient l’euphorie, puis la dépression. Et puis un jour, au bout d’une année entière de solitude forcée lui vient une idée abominablement égoïste : réveiller quelqu’un d’autre, une femme de préférence, pour ne plus se sentir si seul. Il résiste à cette tentation horrible, et puis il cède et réveille Aurora. Il ne sera pas facile d’assumer un tel acte et de se regarder dans la glace après…
Visuellement, le film de Morten Tyldum est très réussi. Le vaisseau Avalon, immense comme un luxueux paquebot désert, sert de cadre à un huis-clos qui ne manque pas de qualités. Les décors sont très beaux, et je ne parle pas de l’espace tout autour du vaisseau. Pour peu qu’on soit sensible comme moi aux choses de l’univers, les galaxies, les géantes rouges, les nébuleuses, on en prend plein les mirettes ! Les effets spéciaux, qui ne sont pas très nombreux et sont surtout concentrés dans la dernière demi-heure du film sont également réussis et impressionnants, essentiellement la panne de gravité dans la piscine, très belle et super angoissante, j’imagine, pour tout ceux qui ont un peu peur de l’eau. Il y a de jolis plans, un rythme soutenu sans (trop) de longueurs et des costumes futuristes-mais-pas-trop agréable à l’œil. La musique de Thomas Newman n’est pas désagréable mais employée de façon un peu trop appuyée, un peu trop forte, elle appuie un peu trop les effets même quand ce n’est pas nécessaire. C’est un des défaut récurrent des films de studio à grand spectacle, peut-être une concession au très puissant syndicat des auteurs de musique de film, qui sait ? Le casting, minimaliste, est très bien tenu. Le sexy Chris Pratt se révèle très juste dans son rôle de mécanicien écrasé de solitude, puis écrasé par la culpabilité. J’en étais restée sur le très discutable « Jurassic World », ce rôle là lui sied mieux, plus profond, plus écrit, moins binaire. Quand à Jennifer Lawrence, dont je ne suis pas hyper fan d’habitude, elle est très bien aussi, peut-être un tout petit peu excessive dans son jeu par moment, et c’est un reproche que je lui fait assez souvent. Mais comme j’ai l’air d’être la seule à penser ça d’elle, alors que le monde du cinéma est à ses pieds, ça doit venir de moi ! La meilleure surprise de « Passengers », finalement, c’est son scénario. Au vu de la bande annonce, on pense aller voir un film de SF assez convenu et on est agréablement surpris devant la tournure des choses. Il y a bien plus de psychologie, d’émotion que d’action pure. Le héros du film commet quand même un acte d’un égoïsme fou, un acte impardonnable et inexcusable, même motivé par la dépression et la solitude. Et il ment à Aurora en le lui cachant, jusqu’au moment où elle l’apprend quand même et là, alors qu’une idylle naissait fatalement entre eux, c’est la catastrophe et c’est la haine et la rancœur qui s’installe. L’immense vaisseau devient d’un seul coup bien trop petit pour la colère et la rancœur d’Aurora ! Le scénario, aussi intéressant soit il, n’évite pas les poncifs attendus : la rédemption par l’héroïsme et le sacrifice, le pardon. On est bien dans un film américain très imprégné de ces notions judéo-chrétiennes, pas de doute ! Le film, dans sa dernière demi-heure, à tendance à enfiler un peu ce genre de perle et l’on se prend à redouter une happy-end improbable, sortie de nulle part et qui ne serait pas loin de tout gâcher. Mais non, la fin, même si elle n’évite pas quelques clichés, reste mesurée et ne gâche pas l’ensemble, on a eu chaud (dans tous les sens du terme !). Car oui, je ne l’ai pas dit mais comme le vaisseau est immense, Jim et Aurora ne peuvent pas savoir que le réveil accidentel de Jim est le premier symptôme d’une série de défaillances techniques qui mène Avalon à sa perte. Ce qui donnera lieu à une dernière demi-heure de pure action et de bravoure et d’émotion, et de larmes et tout ça, tout ça… Le scénario, qui ne manque pas d’humour parfois (et c’est toujours une bonne surprise), référence pas mal de films de SF ou autres. Il y a un petit côté « Titanic » (le mécanicien et la fortunée écrivaine de New-York), un petit quelques chose de « Seul sur Mars » (la sortie dans l’espace à la fin), une référence à « Prométheus » (la machine-docteur), à « Shining » avec le barman droïde stoïque et flegmatique et surement d’autres petites bricoles que je n’ai pas repéré. Cela donne au final un film de SF un peu différent des films de SF habituels, plus psychologique, moins manichéen et moins trépidant que les autres. Plutôt une bonne surprise, en fait…
Bon, cela dit et tout bien pesé, passer une vie entière aux côtés de Chris Pratt, dans un immense vaisseau de luxe tout confort, avec rien d’autre à faire que de diner en le regardant dans les yeux, dormir à ses côtés, faire des longueurs de piscine avec lui, tout en étant assurée qu’il n’ira jamais reluquer qui que ce soit d’autre, je crois que je pourrais m’y faire... Il n’aurait même pas eu besoin de se comporter en héros pour que je lui pardonne !
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