Critique cinéma : La vie rêvée de Walter Mitty

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais moi je crois qu'il y a des évènements qui "donnent le ton". Par exemple, si je renverse mon verre de jus d'orange au petit déjeuner, j'ai dans l'idée que çà donne le ton d'une mauvaise journée. Et bien, dans le même genre d'idée, si le tout premier film de 2014 est un bon film, alors çà donnera peut-être le ton d'une vraie bonne année cinéma ? Et pour çà, j'ai choisi une valeur sure, le dernier film de Ben Stiller "La vie rêvée de Walter Mitty". Et bien je vous le dis tout net, l'année cinéma 2014 sera fichtrement bonne !

Responsable du service photo au sein de "Time magazine", Walter Mitty est un doux rêveur à la vie bien rangée. Dans ses rêves éveillés, il s'imagine courageux, intrépide, audacieux, vivant des aventures rocambolesques à travers le monde à l'instar du reporter Sean O'Connell dont il trie les négatifs dans sa chambre noire. Alors que le magazine "Life" est racheté et qu'un plan de restructuration s'annonce, la photo 25 de la dernière planche de O'Connell est choisie pour faire la couverture du tout dernier numéro. Problème, la photo 25 est introuvable. Sous la pression (amicale) de sa jolie collègue Cheryl et celle (beaucoup moins amicale) de son odieux boss, Walter se décide à retrouver le reporter baroudeur coute que coute, et par la même la précieuse photo.

Ben Stiller, sous ses airs de comique hollywoodien de blockbuster, ce n'est pas n'importe qui. Et qui a déjà vu "Tonnerre sous les tropiques" le sait, il y a du talent et de l'humilité chez ce garçon. Pour son 6ème film, il livre ici une sorte de conte très réussi sur l'accomplissement de soi. Il s'offre le premier rôle et pour tout dire, il porte le film quasiment sur ses seules épaules. C'est un petit peu dommage qu'il ai un peu sacrifié les seconds rôles, surtout celui de Sean O'Connell (c'est quand même dommage de faire tourner Sean Penn pour lui en demander si peu...) et celui de Cheryl dont il aurait pu tirer davantage. Mais le pouvoir comique de Ben Stiller étant intact et son jeu tout en nuance, on lui pardonne tout de suite ce petit défaut. Le scénario comporte évidemment son lot d'incohérences (non, on ne sort pas indemne d'une coulée pyroclastique ! Et non, le portable ne passe surement pas à 5000m dans l'Himalaya !) et de petites faiblesses (quelques longueurs, un happy end qu'on aurait aimé plus douce-amère) mais les deux heures de film passent très vite et çà c'est un très bon signe. Il y a du Walter Mitty dans chacun de nous, Stiller le sais bien et amener son personnage, un monsieur tout le monde, à se dépasser pour quelque chose d'assez futile (un petit morceau de négatif dont il ne sait même pas ce qu'il représente !) c'est jouer sur du velours, en quelque sorte, çà titille le côté aventurier qui sommeille en chacun de nous, et qui ne demande qu'à se réveiller ! Et dans le genre aventures de l'extrême par procuration, nous voilà servis : du Groenland à l'Afghanistan en passant par l'Islande, Walter va vivre en quelques jours ce que peu de personnes vivent une vie entière : un corps à corps avec un requin blanc, une éruption volcanique, l'ascension d'un sommet le l'Himalaya. Toutes ces aventures à la poursuite d'un photo reporter intrépide seront l'occasion de scènes spectaculaires dans des décors sublimes, de très jolis plans, et aussi de pures scènes de comique de situation. C'est drôle, c'est enlevé, c'est parfois poétique et surtout, c'est très bien filmé. Il y a dans ce film bon nombre de plans très beaux et inventifs, le générique de début en est la preuve, c'est du travail soigné. Il y a même des petites trouvailles de réalisation courtes et réussies, comme la scène du scanner à l'aéroport de Los Angeles, à la limite du surréalisme ! Je vous le dis, Ben Stiller, sous ses airs de comique de télévision, ce n'est pas n'importe qui ! Et son film, sorti le 1er janvier, donne le ton d'une année cinéma 2014 de qualité.

En tous cas, ce film aura pour moi été aussi l'occasion d'avoir confirmation d’une chose, l'Islande est un pays qui mérite surement un petit voyage. Les quelques scènes tournées là-bas sont d'une beauté à couper le souffle et cette petite ile qui ne paye pas de mine, perdue dans l'Atlantique Nord, est parfaitement bien servie par le film de Ben Stiller. Le ministère du tourisme islandais va devoir lui dire merci...

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