« Parkland » est un film sorti dans les salles dans une certaines indifférence. Pourtant, son casting et son sujet auraient du susciter l’intérêt, à défaut de susciter l’enthousiasme. En tous cas, il a suscité le mien, d’intérêt, c’est sur… Pour ce qui est de l’enthousiasme, c’est plus nuancé !
Le film se déroule sur 3 jours, du 23 au 25 novembre 1963 à Dallas… Voilà, quand j’ai dit çà, j’ai tout dit, non ? Des trois (trois ?) coups de feu aux funérailles étrangement simultanées de JFK et de Lee Harvey Ostwald, trois jours de panique et de deuil qui vont bouleverser la vie de dizaines d’américains à jamais. Celle de Robert Ostwald, celle d’Abraham Zapruder dont les noms sont passés à la postérité ne seront plus jamais les mêmes. Mais il en va de même de gens moins connus, Jim Carrico, médecin du Parkland Memorial Hospital ou encore celle de James Hosty, agent du FBI à Dallas, tous témoins impuissants de l’Histoire avec un grand H.
« Parkland » à d’indéniables qualités et… un énorme défaut ! On sort de la projection avec une double impression, celle d’avoir passé un bon moment de cinéma devant un film nerveux et maîtrisé, parfaitement interprété et sincèrement bouleversant par moment (même quand on connait l’histoire…). Mais on a aussi une autre impression, plus désagréable, celle de se faire faire la leçon. Je m’explique… Le sujet de « Parkland » n’est pas tant l’assassinat de Kennedy en lui-même, montré à l’écran de façon très subtile par un gros plan sur le regard de Zapruder que l’atmosphère étrange qui suivi et les répercutions inouïes que cet évènement allait induire pour des américains comme les autres. En cela, le film réussit parfaitement à remplir sa mission. Les 30 premières minutes sont terribles, la panique des services secrets, la détresse de Jackie Kennedy (et ce qu’elle serrera entre ses mains pendant toute la tentative de réanimation, je l’ignorais, c’est… je ne trouve pas les mots), l’acharnement des médecins à tenter l’impossible puis le désarroi total du pays dans les heures qui suivent la mort du Président, tout cela sonne très juste et donne un moment de cinéma assez éprouvant mais très réussi, honnêtement. Après, le film s’attarde davantage sur Zapruder qui ne sait quoi faire de ce film qui lui brûle les mains, sur Robert Ostwald aussi et surtout, qui se retrouve honni par l’Amérique entière alors qu’il n’est coupable de rien de tout. C’est l’interprète de ce dernier que je voudrais citer, James Badge Dale, au milieu d’un casting pléthorique et impeccable. Même Zac Efron ne démérite pas en interne en traumatologie, alors qu’honnêtement sur le papier ce n’était pas gagné ! Mais, et j’en viens au sujet qui fâche, « Parkland » ne se pose jamais les vraies questions sur l’assassinat de JFK. Où plutôt, il apporte des réponses simples à des questions compliquées qu’il ne pose même pas ! Si « Parkland » se termine là où commence de « JFK » d’Oliver Stone (parce que nous y voilà, la comparaison est inévitable), on a l’impression à plusieurs reprises que le scénario cherche à « déminer » toutes les petites bombes qu’Oliver Stone fait exploser dans son film. C’est çà que j’appelle se faire faire la leçon : vous avez été ébranlé, voire convaincu, par la thèse de Jim Garrison dans « JFK », ben on va vous expliquer que vous vous êtes fait berner ! Le film de Zapruder caché au monde entier pendant des années (et qui pose sacrément question), bah… C’est juste de la pudeur pour la personne de JFK ! Le rapport sur Ostwald qui disparait des bureaux du FBI, bah… juste la lâcheté d’un agent pris en faute et qui se sent coupable ! Les liens entre Ostwald et les services secrets américains, bah… les élucubrations d’une mère sénile ! Les motivations d’Ostwald, bah… on ne va pas s’emmerder pour si peu, à tel point que son frère ne lui posera même pas la question pendant le seul moment où ils se retrouveront tous les deux ! C’est vrai quoi, moi si mon frère assassinait le Président des USA, pendant le seul moment où je pourrais lui parler seul à seul, çà ne me viendrait pas à l’idée de lui demander pourquoi, quelle idée… ! Peter Landersman, réalisateur de « Parkland » est un bon petit soldat, il ne se pose aucune question gênante. Du coup, son film est sorti dans une certaine indifférence, finalement, c’est assez normal...
Bon, vous avez bien compris… « Parkland » s’arrête où commence le « JFK » de Stone, il dure exactement la moitié de celui de Stone (1h30 contre 3h), et il ne joue pas du tout dans la même catégorie. Le « JFK » d’Oliver Stone (pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, un très grand film avec une démonstration implacable, documentée et presque scientifique de l’assassinat de JFK) pose toute les questions que « Parkland » refuse de poser. Pour tout dire, au sortir de la salle, j’ai surtout une furieuse envie : revoir « JFK » en DVD !
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