Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Un point c'est (pas) tout

Un point c'est (pas) tout

Blog sur tout ce qui rend la vie plus chouette...


Critique cinéma : Blue Jasmine

Publié par Christelle Point sur 25 Mai 2015, 08:52am

Critique cinéma : Blue Jasmine

J’ai beaucoup été déçue par Woody Allen depuis quelques films. En fait, depuis « Match point », je ne trouvais pas son cinéma à hauteur de son talent et de sa réputation. Alors, s’il n’y avait pas eu des très bonnes critiques à son propos, je ne sais pas si j’aurais tenté l’expérience « Blue Jasmine ». Seulement voilà, Woody est de retour, enfin…

Jasmine French a fait un beau mariage et a vécu pendant des années dans le luxe et l’insouciance dans le New York de l’Upper East Side. Son monde s’écroule du jour au lendemain lorsque son mari est arrêté pour avoir escroqué des milliers de gens. Ce « Madoff » est incarcéré et se donne la mort en prison, Oncle Sam saisi absolument tous les biens du couple : Jasmine avait bien naïvement servi de prête-nom à son mari. Gravement déprimée et ruinée, elle débarque à San Francisco, chez une sœur caissière et divorcée qu’elle a toujours méprisé et ignoré. Le retour sur terre sera rude pour Jasmine, psychologiquement et financièrement.

Il ne manque vraiment pas grand-chose à ce film. Il est scénarisé intelligemment et les dialogues sont assez savoureux, ce qui est quand même la moindre des choses dans un Woody Allen. Impossible de décrocher des aventures tragi-comiques de Jasmine, impossible de ressentir une vraie sympathie pour elle, impossible néanmoins de rester insensible à sa déchéance : on a envie qu’elle s’en sorte et que les choses tournent bien pour elle, tout en étant convaincu qu’elle ne le mérite pas vraiment et que dans la vie, on fini toujours par récolter ce que l’on sème. Même en multipliant les flash back entre l’ancienne et la nouvelle vie de Jasmine, pour illustrer la différence entre les deux, mais aussi pour expliquer que tout ce qui arrive à Jasmine à San Francisco était plus ou moins en germe à New York, le scénario ne nous perd jamais en route. Là où ce même scénario est même intelligemment subtil, c’est qu’on n’arrive pas à déterminer avec certitude si Jasmine était au courant des magouilles de son mari, ou bien si elle était juste dans le déni. Pendant une bonne partie du film, on se dit qu’elle a été complètement naïve et aveuglée par l’argent. Et puis, au fil des flashes back, cette impression s’effrite et on s’interroge sur les limites de cette grande naïveté. Du coup, l’empathie qu’on ressent pour elle a lui aussi à tendance à s’effriter. Plus le film avance et plus on si demande si c’est la blessure narcissique des infidélités de son époux qui l’ont fait sombrer, ou bien les millions envolés, ou bien encore la réputation ruinée. En parallèle, ce qui est quasiment sur, en revanche, c’est sa quasi absence de honte et de remords ! La condescendance avec laquelle elle juge sa sœur, qui pourtant ne démérite pas dans sa vie très modeste et qui n’a jamais volé personne, elle, est bien la preuve que Jasmine n’a pas pris toute la mesure des actes de son mari. Même si le dernier Woody Allen ne manque pas d’humour, loin de là, on ne perd jamais de vue qu’il filme une femme à la dérive totale, droguée aux antidépresseurs et à la limite de l’alcoolisme. La fin (que je ne dévoile pas ici, évidemment) peut paraître brutale, mais quand on n’y réfléchis à postériori, elle est assez imparable et j’ose le dire… juste ! Cate Blanchett est juste époustouflante (le rôle de sa carrière ?) de bout en bout, à la fois drôle, pathétique, antipathique et émouvante. Les seconds rôles sont bien écrits et tiennent une vraie place dans le scénario : Alex Baldwin, Sally Hawkins et surtout Bobby Canavalle en garagiste amoureux, lucide et mal coiffé (quelle drôle de mèche !). Woody Allen filme joliment San Francisco, comme il a si souvent filmé New York, mais aussi Londres, Paris ou Barcelone. Il illustre subtilement son film de musique jazzy choisie avec soin et s’offre même le luxe d’une jolie affiche toute simple et élégante. Non, décidément, il ne manque vraiment pas grand-chose au dernier Woody Allen pour être un de ses meilleurs !

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19536444&cfilm=206191.html

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents