Critique cinéma : 9 mois ferme

J’ai eu maintes fois l’occasion dans mes petites critiques de dire tout le bien que je pense d’Albert Dupontel en tant qu’acteur et aussi en tant que réalisateur avec « Le Vilain » ou mieux, « Enfermé dehors ». Autant le Dupontel-acteur peut faire preuve d’une belle retenue et beaucoup de sensibilité et de sobriété dans les rôles qu’il incarne, autant le Dupontel-créateur est surtout capable de l’inverse ! Il faut aller voir ses films en toute connaissance de cause, mais quel bonheur devant tant de folie et d’outrance !

Ariane Felder est une juge d’instruction ambitieuse et… horriblement sérieuse et réservée. Un soir de St Sylvestre, elle se retrouve embarquée malgré elle dans le réveillon des avocats (quels fêtards, ces avocats !) et prend une cuite modèle géant. 6 mois plus tard, elle découvre qu’elle fait un déni de grossesse et qu’elle porte l’enfant d’un inconnu, conçu ce soir là, un inconnu qui s’avère être un braqueur multi récidiviste accusé d’avoir horriblement mutilé sa dernière victime ! Le destin d’Ariane bascule et sa raison vacille…

Avec un casting de tout premier choix et des seconds rôles irrésistibles, avec un scénario tellement surréaliste qu’il en devient immédiatement enthousiasmant, avec un humour (parfois très) noir et potache, « 9 mois ferme » n’a au final qu’un seul défaut : il est trop court ! 1h22, pour un film qui ne lève jamais le pied, c’est dire si le temps passe vite et qu’on est carrément frustré quand la lumière se rallume ! Le scénario, comme je l’ai dit, tient la route et fonctionne parfaitement. Evidemment, il faut accepter le postulat de départ, Dupontel réalise ses films comme on réalise des immenses cartoons pour adultes, tout n’est pas ni très subtil, ni franchement réaliste mais on s’en fiche ! Surtout que visuellement, tout cela est très bien réalisé, il y a des jolis plan, de beaux enchainements, des plans séquences très réussis (scène d’ouverture). Albert Dupontel s’applique, soigne son travail, et c’est quelque chose que je veux souligner parce qu’on pourrait être tenté de le réduite à un scénariste déjanté et un acteur de talent, alors qu’il est aussi un très bon réalisateur. Difficile, voire impossible de ne pas s’attacher aux mésaventures de Sandrine Kiberlain (épatante, elle dévoile ici un potentiel comique qu’elle n’avait encore jamais vraiment exploité) et d’Albert Dupontel (égal à lui-même, c'est-à-dire génial !). Les seconds rôles sont l’occasion d’un véritable défilé de talent et de scènes franchement irrésistibles : Nicolas Marié en avocat bègue (je sais que ce n’est pas bien de se moquer du bégaiement qui est un vrai handicap mais là, c’est trop difficile de résister à sa plaidoirie), Philippe Duquesne en médecin légiste (je ne dirais qu’un mot : beurk !), Bouli Lanners en agent de vidéosurveillance libidineux, mais il y en a plein d’autres. Et je n’oublie pas les clins d’œil très courts des potes d’Albert, Jean Dujardin (dans un rôle muet, comme quoi…) et Terry Gilliam. Franchement, armé de son casting, de son scénario et de son humour très noir, Dupontel ne laisse pas beaucoup de répit aux zygomatiques de ses spectateurs ! Je n’avais pas autant ri depuis bien longtemps devant une comédie française, çà fait un bien fou au milieu de cette grisaille. Alors, on peut peut-être trouver à redire si on ne goûte pas l’humour très spécial de Dupontel, on peut ergoter sur le peu de nuance avec lequel il dépeint la police et le monde de la Justice (mais surtout la police, avec laquelle il semble avoir un petit contentieux !), on peut faire la fine bouche devant le mauvais gout qui affleure régulièrement du film, oui, on peut… Mais je n’ai pas envie d’ergoter ou de faire la fine bouche, « 9 mois ferme », ce n’est pas un film pour cinéphiles plum-plum abonnés à Télérama (je m’excuse auprès de ceux d’entre vous qui lisent Télérama, rien de personnel, c’est juste qu’ils n’ont pas aimé le film !) c’est du cinoche, du p… de bon cinoche ! Et vlan !

Petit conseil à tous ceux qui voudront le voir (et après cette bonne critique vous allez tous vous y précipiter, j’en suis sure), pendant les scènes d’actualité télévisée, n’oubliez pas de zieuter les bandes défilantes en bas de l’écran, elles valent le détour ! Sauf qu’on ne peut pas les lire et en même temps regarder Jean Dujardin traduire les infos en langage sourds-muets et çà aussi, çà vaut le détour ! Bah, çà vous donnera une excuse pour le voir une seconde fois !

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