Critique cinéma : Song for Marion

J’avais envie d’une petite comédie qui réchauffe, pas vulgaire, pas tape-à l’œil, juste douce et mignonne… C’est pour cela que j’ai choisi « Song for Marion » tout en sachant très bien, au vu de la bande-annonce, que j’allais me retrouver devant quelque chose de très formaté.

Arthur est un vieil ours mal léché, qui s’occupe du mieux qu’il peut de sa femme très malade et entretien avec son fils unique une relation exécrable. Son épouse Marion, malgré sa maladie, participe à une chorale du 3ème âge et s’amuse avec ses amis à chanter sous la direction de la jeune et jolie Elisabeth. Arthur a bien du mal à comprendre l’intérêt de cette chorale. Alors que le petit groupe vient d’être sélectionné pour un gala important, Marion, rend son dernier souffle. Arthur, désormais veuf et seul, malheureux comme les pierres, va-t-il retrouver auprès de la chorale un certain sens à son quotidien ?

Hyper formaté, sans la moindre surprise point de vue scénario, « Song for Marion » n’est qu’une petite comédie britannique chantante et ensoleillée. Et pour tout dire, ce n’est déjà pas si mal ! C’est bien interprété, notamment par le bougon Terence Stamp et la pétillante Gemma Atherton (déjà vue dans « Tamara Drew »), c’est souvent drôle, parfois un peu triste et même un peu pathos sur la fin mais bon… La chorale du troisième âge ne manque ni de talent, ni de pep’s, ni évidemment d’autodérision. Car après tout, même si c’est un effet comique un peu facile, c’est forcément drôle d’entendre des petits vieux chanter du Cindy Lauper ou du Gnarls Barkley et de les voir se trémousser sur « Let’s talk about sex » de Salt N’Pepper ! Alors même si l’intérêt du scénario ne tient qu’en quelques mots, il ne faut pas être trop dur et exigeant avec ce charmant petit film. Il ne faut quand même pas être trop regardant non plus : le coup de l’ours mal léché qui cache en vérité au fond de lui une grande angoisse et une sensibilité s’écorché vif sous une carapace en acier trempé (c’est souvent le cas…), c’est un sujet usé jusqu’à la corde dans le cinéma, et qui a souvent été traité avec plus de subtilité que cette fois-ci. Surtout que, de ce point de vue, le film ne va pas au bout de sa logique et fait l’impasse sur les raisons profondes de la mésentente père-fils et de l’état semi-dépressif du personnage d’Arthur. Tout comme la personnalité d’Elisabeth, qui cache sous une apparente bonne humeur permanente une grande solitude. Son désespoir ne fait qu’affleurer par moments dans le film, alors qu’il y aurait eu peut-être matière à en faire un personnage bien plus et mieux écrit. Mais malheureusement, toutes ces choses qui auraient pu donner un peu de profondeur au film sont étouffées par les bons sentiments, parfois à la limite du sirupeux, d’un scénario visiblement écrit trop vite, pour ne pas dire bâclé… Cela dit, « Song for Marion » évite au moins un écueil, celui de la love story sortie de nulle part et qui tombe pile pour résoudre les problèmes de tout le monde, ouf !

Alors, même si on sort de la salle en chantonnant, on a quand même un arrière-gout désagréable dans la bouche On est très loin de « The Full Monty », de son impertinence et de son côté subversif et engagé, et c’est dommage…

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