Critique cinéma : Les seigneurs

Patrick Orbéra est un ancien champion du football français qui a complètement raté sa reconversion, alcoolique, dépressif et au chômage, il doit absolument trouver un travail pour espérer pouvoir continuer à voir sa fille. Quand on lui propose de prendre la direction d’un club breton (très) amateur qualifié en Coupe de France, il n’a pas vraiment le choix de refuser. La conserverie de la ville est en liquidation judiciaire et une qualification en 32ème de finale de Coupe (avec la recette qui va avec) permettrait de sauver l’entreprise et les emplois. Mais pour arriver à hisser ce club minuscule à ce niveau, il va lui falloir solliciter l’aide de ses anciens coéquipiers de l’Equipe de France qui ont, comme lui, bien mal négociés leur fin de carrière.

A l'époque de sa sortie en salle, c’était un déferlement de mauvaises critiques qui s’abattait sur la toute première comédie d’Olivier Dahan. Je me demande bien à quoi pouvaient s’attendre ses critiques en allant voir une comédie sur le football ! Ce film a les qualités et les défauts d’une comédie qui se veut populaire et sans prétention, mais si ils s’attendaient à y trouver une critique un peu acide du football amateur, mieux vaut mater en DVD l’excellent « Coup de tête » de Jean – Jacques Annaud avec Patrick Dewaere et si ils espéraient une peinture à l’acide du football professionnel, mieux vaut revoir « 3-0 » de Fabien Onteniente. Encore que non… rien ne mérite qu’on revoit une seconde dois un film d’Onteniente, surtout si on aime le cinéma ! Mais revenons au « Seigneurs ». Même si le scénario est sans vraies surprises, même si les personnages sont hyper caricaturés, même si certains gags sont lourdingues parfois (j’ai vraiment du mal avec Dubosc), même si c’est parfois un peu surjoué, et si on devine tout de suite vers quelle fin on se dirige, je n’ai pas envie d’être sévère avec ce film. Pour une raison toute simple, moi, il m’a fait rire ! Et je n’en demande pas tellement plus à une comédie au bout du compte. Evidemment, si on ne connait absolument rien de rien au football, c’est impossible d’apprécier ce petit moment de comédie sans prétention, et moi, ce n’est un secret pour personne, j’aime le foot ! Parce que c’est un film pour ceux qui aiment le vrai football, pas forcément celui qu’on voit à la TV inondés de millions, mais celui du jeu, celui des matches de Coupe ou le petit Poucet défie le grand club. En fait, c’est çà qu’il faut voir dans ce film surtout, une déclaration d‘amour au football amateur, celui des matches du dimanche matin. Et puis, il faut connaitre aussi un peu le foot pour comprendre certains gags, il faut savoir ce qu’est une « Panenka » ou savoir comment se déroule une séance de pénalties, ou bien encore se souvenir du second but de Lililan Thuram en demi-finale de Coupe du Monde. Je voudrais ajouter qu’il est difficile de bien filmer le football au cinéma et que beaucoup s’y sont cassés les dents. Ici, Olivier Dahan s’en sort très bien, les scènes de matches sont bien filmées, mieux que dans bien d’autres films sur le sujet ! Point de vue interprétation, si je mets en retrait Franck Dubosc (encore que rien que le voir dans les bras de Joey Starr vaut le déplacement), les acteurs sont dans leur registre, parfois même un peu en roue libre comme Gad Elmaleh. Ils s’amusent visiblement comme des gosses à jouer au foot entre eux, et cet enthousiasme est assez communicatif. Et puis, pour finir, ce film est un petit festival capillaire car si on excepte Omar Sy, comment dire… Y’a du cheveu ! Mais c’est vrai que les footballeurs pro font souvent des expériences audacieuses en la matière, et ce n’est pas David Beckham qui prouvera le contraire !

En résumé, si vous aimez le foot, que vous y connaissez un minimum et que vous avez envie d’une comédie sans prétention, « Les Seigneurs » devraient vous faire passer un bon moment. Et puis on y parle du Racing-Club de Strasbourg, très rapidement et de manière inattendue et anecdotique, mais quand même…

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