Critique cinéma : Entre les murs

Dérangeant… Passionnant… Edifiant… Emouvant… Les adjectifs se bousculent au portillon ! Comment passer à côté d’un film pareil, comment en ressortir sans avoir envie d’en parler, d’en débattre, d’y penser et d’y repenser ! A mi-chemin de la fiction et du documentaire, ce film pose une lumière crue sur le microcosme de la salle de classe d’un collège classé en ZEP, ce petit monde sur lequel tout le monde a un avis, surtout ceux qui n’ont aucune idée de ce qui s’y passe vraiment… Parce que disons-le tout net, l’immense majorité des spectateurs du film sont tombés de leur fauteuil tellement ce qu’ils ont vu sur l'écran est loin de leur propre expérience d’élève ! Il suffisait de voir les visages, à l'époque de la sortie en salle, quand la lumière de la salle de cinéma s’est rallumée pour comprendre que ce film est un choc pour tout ceux qui n’ont pas été élève dans un passé récent ou qui ne sont pas professeurs !

Le film raconte une année scolaire dans la vie d’un professeur de français d’un lycée parisien du XXème arrondissement à travers du prisme d’une classe de 4ème. Les heures de cours se succèdent, les conseils de classe s’enchaînent, les conflits éclatent...

Plus que les performances d’acteurs (tout à fait remarquables d’ailleurs), c’est la multitude de questions que pose ce film qui interpelle. Tous les problèmes de la société s’invitent dans la salle de classe, comment faire fonctionner cette mini société sans tomber dans les affres de la dictature ou de l’anarchie ? Dans ce sens, ce film est éminent politique. La situation édifiante de certains jeunes ne peut pas laisser de marbre les enseignants. La difficulté de ce métier saute à la gorge de tous ceux (et j’en connais, ils sont si nombreux…) qui critiquent le corps enseignants sans en rien savoir. François Marin est un enseignant humain, qui commet des erreurs, qui dérape aussi mais qui se démène pour faire son métier, qui réussi mais qui parfois échoue. La scène finale avec cette adolescente terrifiée qui avoue ne rien avoir appris et ne rien comprendre à ce qu’elle fait en classe prend aux tripes.

A la sortie de ce film, certains professeurs critiquaient vertement le message du film, et pas seulement dans le courrier des lecteurs du Figaro ! Il s’agissait surement là de professeurs parfaits, faisant régner la terreur (…pardon, je voulais dire la discipline !) dans leur salle de classe. Ce film donne du grain à moudre au « déclinologues », ceux qui pensent que « tout fout le camp ma bonne dam’ », ceux qui pensent aussi peut-être que l’école doit élever les meilleurs et tans pis pour les autres, les contourneurs de cartes scolaires, les pourfendeurs de feux les IUFM. Moi, je vois dans ce film l’illustration de ce qu’est l’école d’aujourd’hui dans un pays comme le nôtre, avec ses défauts mais aussi ses immenses qualités, ses succès et ses échecs et le message que j’en retiens, c’est que le métier d’enseignant est bien le plus beau, le plus ingrat et le plus terrible métier de la société moderne.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18814148&cfilm=58151.html